Tiges fémorales non cimentées

Au plus près de la stabilité primaire

Publié le 10/11/2014
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Les micromouvements mesurés autour de la partie diaphysaire de la tige fémoral varient entre 0 ...

Les micromouvements mesurés autour de la partie diaphysaire de la tige fémoral varient entre 0 ...
Crédit photo : DR

Si l’épopée glorieuse des prothèses de hanche débutée il y a plus d’un demi-siècle se poursuit encore vigoureusement, le succès de cette intervention se juge à la longévité de la fonction rétablie. Elle tient à la solidarisation prolongée entre le squelette récepteur et l’implant prothétique.

Certaines écoles privilégient l’usage du ciment, d’autre non. Ce matériau crée une interface de comblement permettant la transmission des forces de la prothèse au squelette. Elle peut s’avérer fragile au fil des années, c’est pourquoi d’autres équipes préfèrent la fixation sans ciment : par emboutissage très ajusté entre la prothèse et le fut fémoral récepteur. Cette fixation primaire est plus ou moins stable en fonction du degré d’ajustement et peu parfois s’accroître lorsque se produisent des phénomènes de repousse osseuse autour de la prothèse.

Le descellement aseptique est une cause importante d’échec de l’arthroplastie totale de hanche non-cimentées. Ce problème est complexe et multifactoriel, mais fortement associé à la stabilité primaire de la tige fémorale : elle est en effet nécessaire pour garantir l’ostéo-intégration de la tige, et sa fixation à long terme. Évaluer la stabilité primaire suppose de mesurer les micromouvements relatifs entre l’implant et la surface osseuse adjacente, ce qui est impossible à réaliser sur patient. La prédiction par modélisation informatique est une option, mais difficile à valider. Les mesures cadavériques restent la référence, mais sont limitées à quelques évaluations ponctuelles simultanées, et biaisées par déformation globale de l’os en charge.

Au niveau du fémur, nous avons développé un dispositif expérimental unique, permettant de quantifier les micromouvements à l’interface os-implant, ainsi que la distance entre la tige et l’os (1, 2). Il s’agit d’une analyse d’images de microtomodensitométrie d’un fémur cadavérique implanté et mis en charge. Des billes radio-opaques sont implantées de façon régulière sur la surface du canal médullaire. Cette technique permet donc d’avoir une mesure quasi-continue des micromouvements et de l’interstice entre la tige et l’os. Ce dispositif a été récemment amélioré afin de tester deux conditions de charges : une compression de 1 800 N et une torsion de 14 Nm. Les résultats ont montré la complexité et la grande variabilité de la stabilité primaire, selon le type de tige ou l’anatomie du fémur. Cette nouvelle méthode permettra d’adapter le choix de l’implant et la technique d’implantation au patient, pour obtenir une stabilité primaire optimale.

D’après la conférence d’enseignement de Alexandre Terrier*, Valérie Malfroy Camine* et Hannes Rüdiger**

* Laboratoire de biomécanique en orthopédie, école polytechnique fédérale de Lausanne, responsable de table ronde. Head of Joint Biomechanics Group. Laboratory of Biomechanical Orthopedics EPFL, Suisse

** Service d’orthopédie et de traumatologie, centre hospitalier universitaire vaudois, Lausanne, Suisse

(1) Gortchacow M et al. Simultaneous and multisite measure of micromotion, subsidence and gap to evaluate femoral stem stability. Journal of Biomechanics 2012

(2) Gortchacow M et al. A new technique to measure micromotion distribution around a cementless femoral stem. Journal of Biomechanics 2011;44(3):557-60


Source : Congrès spécialiste