Réaliser en ambulatoire une pose de prothèse totale de hanche ou du genou, représente un défi médical. En 2015, dans notre pays, la durée moyenne de séjour pour une prothèse de hanche était de 6,81 jours (pour 104 000 réalisées) et de 7,39 jours pour les prothèses du genou (pour 99 000 réalisées). « Ce n'est pas l'acte qui est en ambulatoire, mais le patient. Cependant ce n'est pas parce que c'est en ambulatoire que c'est anodin », insiste le Dr Thierry de Polignac (clinique générale d’Annecy).
Changer sa façon de travailler
Pour le binôme chirurgien anesthésiste, poser une prothèse en ambulatoire demande d'être « mini-invasif » : voies d'abord mini-invasives, pas de garrot, pas de drain, gestion optimale de l’anesthésie et de l’analgésie… « Pour toute l'équipe, cela demande aussi une nouvelle organisation. Le patient reçoit une information orale et écrite de tout ce qui l'attend depuis la première consultation et jusqu'à un an suivant son intervention, en présence d'un accompagnant (coach) : c’est l’éducation thérapeutique. Il sait ainsi qu'il vient le matin sans être prémédiqué, à jeun (boisson sucrée sans pulpe et sans gaz, deux heures avant l'intervention) et qu'il devra se lever quatre heures après l'opération pour marcher. Pour optimiser les suites opératoires, un flash de corticoïdes à haute dose à l’induction est infiltré avec un anesthésique au niveau du site opératoire. Une attelle de cryothérapie dès la salle de réveil est mise en place. Les avantages de cette prise en charge analgésique multimodale sont multiples, signalons entre autres que contrairement aux morphiniques, elle limite nausées et vomissements, une des principales causes d'échec de sortie à J0. Le patient a également ses ordonnances de sortie avant même l'intervention ; il a ainsi le temps de tout prévoir (médicaments, pansements, infirmier, kinésithérapeute). On lui apprend aussi à marcher avec des béquilles avant l'intervention. Comme sa date de sortie a été prédéterminée et que tout a été anticipé, le patient est d'autant plus motivé et confiant. Or le mental est aussi un facteur clé de la réussite ! ».
Un travail d'équipe multidisciplinaire
« Un comité Récupération rapide améliorée après chirurgie (RRAC), nouvelle instance médicale au service du patient et de l'ambulatoire, a été créé en 2014 avec chirurgiens, anesthésistes, infirmiers, kinésithérapeutes, cadres, administratifs. Dans notre équipe
nous avons inclus un ostéopathe avec une formation d'hypnose. Aujourd'hui, 25 à 30 % de nos patients pour les prothèses de hanche et du genou sont opérés en ambulatoire et 50 % sortent à J1 et ces pourcentages ne cessent d'augmenter. Il est essentiel pour le patient de voir qu'au sein de l'équipe, nous suivons des protocoles précis et que nous tenons toujours le même discours. Le médecin traitant est également informé que cette pratique ambulatoire ne sera pas une charge pour lui, car ce n'est pas une chirurgie expérimentale, mais de l'excellence. Le patient est acteur de ses soins et sort plus tôt dès qu'il va mieux. Il est rare qu'une innovation thérapeutique profite à la fois au patient et à toute l'équipe. Surtout, elle coûte moins cher à la collectivité : cela mérite d'être souligné ! » conclut le Dr de Polignac.
D’après un entretien avec le Dr Thierry de Polignac, clinique générale d’Annecy
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