Les techniques de reconstruction après un cancer se sont perfectionnées pour l'aréole mammaire, quel que soit le traitement chirurgical initial. Pour une tumorectomie, le chirurgien doit parfois inciser tout autour de l'aréole pour remodeler le sein, ce qui peut en modifier la forme.
Quant à la mastectomie, qui consiste à enlever l'intégralité de la glande mammaire, « plusieurs options sont possibles. Nous pouvons effectuer une mastectomie simple et réaliser la reconstruction mammaire à distance des traitements. Nous pouvons aussi procéder à la mastectomie en conservant l'enveloppe du sein : cela permet sa reconstruction immédiate, durant la même intervention », souligne la Dr Anne-Sophie Reguesse, chirurgienne plasticienne, spécialiste de la reconstruction mammaire à l'hôpital Paris Saint-Joseph.
Cette deuxième option est la plus fréquente. En cas de reconstruction immédiate, les nouvelles recommandations invitent à conserver, si possible, le mamelon et l'aréole pour un résultat esthétique optimal. « Il y a encore quelques années, nous ne les conservions pas car le mamelon et l'aréole font partie de la glande mammaire. Mais, des études récentes ont montré que leur conservation n'engendre pas plus de récidive de cancer. À condition qu'ils ne soient pas atteints et que les lésions tumorales restent à distance de l'aréole », indique la Dr Reguesse. Quand l'aréole et le mamelon ne peuvent être conservés, ils sont reconstruits à distance de l'intervention initiale. « En général, il s'agit du dernier acte chirurgical que j'effectue car je souhaite être certaine de placer l'aréole à la bonne position, c'est-à-dire de façon symétrique par rapport à l'autre sein », précise-t-elle.
Pigmenter le derme ou greffer de la peau
La reconstruction de l'aréole s'effectue, le plus souvent, par dermopigmentation. Cette technique, qui s'inspire du tatouage artistique, permet de modifier la couleur d'une zone de peau à des fins esthétiques ou réparatrices. Elle consiste à introduire un pigment dans le derme (à 3 ou 4 mm de la surface de la peau) à l'aide d'un appareil électrique muni d'aiguilles à une ou plusieurs pointes, par un mouvement de va-et-vient.
« Contrairement au tatouage permanent qui nécessite l'utilisation d'encres contenant parfois des métaux lourds, la dermopigmentation - telle que je la pratique - s'effectue avec des pigments médicaux, sans risques pour la santé. La couleur utilisée s'estompe avec le temps et disparaît, en moyenne, en deux à cinq ans », explique Agnès Montagnon-Thomas, dermographe à Paris, en cabinet libéral et à la clinique des Princes. La reconstruction de l'aréole peut aussi s'effectuer par le biais d'une greffe de peau prélevée au niveau du creux inguinal dont la couleur se rapproche de celle de l'aréole. « Toutefois, après ce geste, une dermopigmentation est souvent nécessaire pour que la couleur de l'aréole soit exactement la même que celle de l'autre sein », rapporte la Dr Reguesse.
Un mamelon redessiné en trompe-l'oeil
Quant au mamelon, il se reconstruit soit en utilisant un lambeau de peau du sein que le chirurgien replie sur lui-même pour recréer le volume mamelonnaire, soit en greffant la moitié du mamelon de l'autre sein (ou un morceau des petites lèvres vaginales). « La greffe mamelonnaire est intéressante chez les femmes ayant des mamelons volumineux : elle donne un très bon résultat esthétique en termes de couleur et de texture », note la Dr Reguesse.
Dans certains cas, le mamelon de la patiente ne peut être remodelé par chirurgie, « nous pouvons alors le reconstruire par dermopigmentation en procédant à un effet trompe-l’œil (effet 3 D) », assure Agnès Montagnon-Thomas. Enfin, les cicatrices périaréolaires ou placées à d'autres endroits du sein (de couleur plus claire ou foncée que la peau) peuvent devenir invisibles par dermopigmentation. « Pour cela, elles doivent être planes ou aplanies via des injections de cortisone, par exemple. La dermopigmentation ne doit jamais être effectuée sur une cicatrice chéloïde », explique Agnès Montagnon-Thomas.
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