C’EST LA PREMIÈRE réalisation au monde d’un tube urétral à l’aide des tissus propres du patient. Dans l’article publié dans « The Lancet », les chercheurs expliquent qu’ils ont remplacé des segments de l’urètre chez 5 garçons, et que les organes en place sont restés fonctionnels pendant tout le suivi d’une durée moyenne de 6 ans. À la fin de l’essai, les garçons étaient tous continents, ce qui est un résultat appréciable comparativement à la technique classique.
Les défauts urétraux peuvent être le résultat d’anomalies congénitales, de traumatismes ou de maladies, rappellent les auteurs. Si l’anomalie est peu importante, une réparation par chirurgie plastique est suffisante. Pour des défauts de continuité importants, des greffes tissulaires sont indiquées. On utilise du tissu muqueux, souvent prélevé au niveau de la face interne des joues.
Ces greffes ont un taux de réussite qui atteint rarement 50 %. Tout comme les autres constructions tubulaires réalisées par bio-ingénierie, elles sont volontiers le siège d’un rétrécissement, qui dans cette situation se complique d’infections, de dysuries et de saignements.
Dans l’étude, trois garçons présentaient une interruption totale de 4 à 5 cm de l’urètre membraneux à la suite d’un traumatisme pelvien ; les deux autres cas étaient des échecs d’une tentative antérieure de reconstruction.
Les auteurs, Atlantida Raya-Rivera, Anthony Atala et coll. (États-Unis et Mexique), ont élaboré une stratégie différente des précédentes.
Biopsie de la vessie.
Entre mars 2004 et juillet 2007, l’équipe a construit des segments urétraux pour les 5 garçons, âgés de 5 à 14 ans au moment de la reconstruction, en utilisant les cellules propres des patients.
La première étape de l’élaboration des tubes urétraux a consisté en des prélèvements par biopsie de la vessie (un centimètre à la fois) des enfants.
À partir de chaque échantillon prélevé, les scientifiques ont isolé les cellules musculaires lisses, les cellules endothéliales ainsi que d’autres cellules qui entrent dans la composition des vaisseaux sanguins. Les cellules ont été mises en expansion pendant six à huit semaines. Par ailleurs, une structure en forme de tube a été réalisée, consistant en un maillage à base de collagène et d’acide polyglycolique, du matériel biodégradable. Le temps de construction a duré entre 4 et 7 semaines. Le tube a été ensemencé par les cellules cultivées : l’extérieur avec les cellules musculaires lisses et la face interne avec les cellules endothéliales. Une incubation d’une semaine a été respectée avant la mise en place.
L’échafaudage a été élaboré en respectant une dimension adaptée à chaque patient.
Les nouveaux tubes ont été implantés en enlevant les segments d’urètre défectueux ainsi que les tissus cicatriciels.
La qualité de la réparation.
« Une fois en place, les cellules ont poursuivi leur expansion et une croissance tissulaire a commencé. »
Des biopsies ont montré que les urètres reconstruits présentaient les couches cellulaires normales (endothéliales et musculaires lisses) dès les trois mois suivants.
Des mesures fonctionnelles ont attesté de la qualité de la réparation : les mesures de flux et les tests urinaires. Des questionnaires ont confirmé la satisfaction des patients. Il n’y a pas eu de fuites nocturnes, de difficultés à uriner, ni d’infections urinaires, ce qui constituait les symptômes habituels des rétrécissements urétraux.
The Lancet, 8 mars 2011.
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