OZURDEX EST un implant biodégradable de 6 mm de long, mis en place via une injection intravitréenne à l’aide d’une aiguille 22 gauge. Remboursé dans sa première indication, l’occlusion de la veine centrale de la rétine, il permet de traiter l’œdème maculaire consécutif à cette occlusion. Sa durée de vie est d’environ six mois en théorie, mais, en pratique, elle serait en moyenne de quatre à cinq mois. Le délai idéal entre l’occlusion et l’injection de l’implant reste controversé. Il dépend du type d’occlusion et de sa sévérité. Il faut préciser que ce traitement permet de traiter l’œdème maculaire compliquant l’occlusion, mais en aucun cas l’ischémie rétinienne secondaire à cet accident vasculaire. Il est donc indispensable de surveiller l’acuité visuelle, l’ischémie et l’apparition de néovaisseaux rétiniens ou iriens, et, le cas échéant, d’un glaucome néovasculaire. « Étant donné qu’il s’agit d’un implant de corticoïde, il existe un risque non négligeable de cataracte. Toutefois, dans la population concernée par une occlusion de la veine centrale de la rétine – c’est-à-dire, les plus de 60 ans – on se trouve déjà bien souvent face à une cataracte opérée ou qu’il faudra opérer ultérieurement. Plus gênant est le risque de glaucome : il semble moins important avec Ozurdex qu’avec d’autres types de corticoïdes injectés dans le vitré, en particulier la triamcinolone ou l’acétonide de fluocinolone. Ce traitement est contre-indiqué en cas de glaucome mal équilibré ou nécessitant plus de deux molécules antihypertensives. La surveillance est capitale, 7 jours, 1, 2, 3 et 4 mois après la première administration. Il semble qu’elle puisse être allégée après les injections ultérieures en l’absence de survenue de complications », souligne le Pr Barham Bodaghi.
Une alternative à l’implant reste le ranibizumab (Lucentis, Novartis) qui a également obtenu l’AMM dans cette indication. L’injection est pratiquée grâce à une aiguille 30 gauge, comme au cours des formes exsudatives de dégénérescence maculaire liée à l’âge. Le choix de la molécule dépend de facteurs personnels et des facteurs de risque présentés précédemment pour Ozurdex et plutôt de type cardio-vasculaire pour le ranibizumab. « Le nombre d’injections est en moyenne de huit ou neuf pour Lucentis et de deux ou trois pour Ozurdex au cours de la première année », précise le Pr Bodaghi.
Depuis 2012, Ozurdex a également l’AMM pour le traitement de l’uvéite non infectieuse intermédiaire postérieure ou totale, mais n’a pas encore obtenu le remboursement dans cette indication.
Un domaine en développement.
Ozurdex est actuellement le seul implant en France, mais d’autres pourraient suivre. Il existe aux Etats-Unis, mais pas en Europe, un implant d’acétonide de fluocinolone (Retisert 0,59 mg, Bausch-Lomb). Il se met en place chirurgicalement et n’est pas biodégradable : le principe actif est libéré pendant environ trois ans. Le risque de survenue d’un glaucome nécessitant une intervention s’est révélé être de l’ordre de 35 %, ce qui est très important. Après trois injections d’Ozurdex, on sait que la tension oculaire n’augmente pas dans de telles proportions, mais la prudence impose néanmoins une surveillance prolongée.
« D’autres indications sont en cours d’étude, notamment, la rétinopathie diabétique », précise le Pr Bodaghi.
Une AMM européenne vient d’être accordée à Iluvien 0,19 mg (Alimera Sciences), qui contient, comme l’implant américain Retisert, de l’acétonide de fluocinolone, avec pour indication l’œdème maculaire diabétique. Il est beaucoup plus facile à mettre en place dans l’œil que Retisert, mais sa durée d’action est plus courte, de l’ordre de dix-huit mois. Les premières études réalisées avec Iluvien laissent présager un risque d’hypertonie moins important qu’avec Retisert, mais cela reste à confirmer.
« A noter enfin que tous les laboratoires fabriquant des implants de corticoïdes, essaient d’élargir leur gamme et d’obtenir de nouvelles indications grâce à de nouvelles molécules. Et ce, d’autant qu’il n’existe pas, aujourd’hui, d’autres implants médicamenteux au stade des essais cliniques avancés avant demande d’AMM. La recherche se poursuit bien sûr pour mettre au point des implants destinés au traitement du glaucome, de la sécheresse oculaire ou d’inflammation de la surface oculaire, mais rien n’est attendu dans un avenir proche, dans ces indications », conclut le Pr Bodaghi.
D’après un entretien avec le Pr Barham Bodaghi, DHU Vision et Handicaps, Université Pierre et Marie Curie, groupe hospitalier Pitié-Salpêtrière.
CCAM technique : des trous dans la raquette des revalorisations
Dr Patrick Gasser (Avenir Spé) : « Mon but n’est pas de m’opposer à mes collègues médecins généralistes »
Congrès de la SNFMI 2024 : la médecine interne à la loupe
La nouvelle convention médicale publiée au Journal officiel, le G à 30 euros le 22 décembre 2024