Il y a quelques mois, les urgences de l’hôpital d’Auch (Gers) étaient contraintes de fermer, faute de soignants. À Cahors (Lot), Albi (Tarn), ou Tarbes (Hautes-Pyrénées), les services de cardiologie et de neurologie étaient moribonds à la suite de plusieurs départs de médecins.
L’association H2O – hôpitaux d’Occitanie Ouest – impulsée par le DG du CHU de Toulouse, Jean-François Lefebvre, ambitionne de stopper cette décrue. « Cette association, qui regroupe 50 centres hospitaliers de l’ex-Midi-Pyrénées, a été créée pour conforter les filières de soins lorsque les praticiens manquent. Désormais 200 médecins du CHU [PH et hospitalo-universitaires] assurent des consultations dans une dizaine de spécialités », précise le patron toulousain. Imagerie, cardiologie, néphrologie, hépato-gastroentérologie, neurologie, médecine d’urgence, gériatrie, dermatologie, ORL, orthopédie ou encore urologie sont concernées par ces vacations.
Dynamique retrouvée
« Dans le service de cardio du CHU Rangueil, 20 des 30 médecins participent, et c’est le cas de 90 % des seniors ! », se félicite le Pr Didier Carrié, qui préside l’association et partage son temps entre Toulouse et Cahors depuis un an pour assurer des consultations programmées et des examens. Sur place, le Dr Thierry Debreux, président de la CME de l'hôpital de Cahors, a retrouvé le sourire. « Il y a un an nous n’avions quasiment plus de service de cardiologie ici, avec à peine 1,5 médecin en équivalent temps plein. Grâce au soutien des cardiologues du CHU, nous avons retrouvé une dynamique. Des praticiens nous ont rejoints et nous avons même développé un service d’imagerie cardiaque. » Même réussite en Ariège. « Nous avons sauvé les services de cardio et de neurologie », estime la directrice du CH intercommunal des vallées de l’Ariège, Marie Dunyach.
À l'hôpital d’Auch, le soutien a pris la forme d’un pôle territorial de médecine d’urgence en collaboration avec les urgentistes toulousains. « 70 médecins du CHU assurent 24 heures par mois à Auch pour faire du soin ou de la régulation au Smur… », décrit la Pr Sandrine Charpentier, cheffe du pôle médecine d’urgences du CHU. Une bouffée d’oxygène pour Sylvie Lacarrière, directrice de l’hôpital gersois. « L’année dernière, sur 25 urgentistes ETP, dix étaient des hospitaliers et une quinzaine intervenaient en intérim. Désormais, nous n’avons plus besoin de ces derniers ! Et nous finalisons la création d’un service d’urgences structuré pour pérenniser notre nouvelle organisation. »
Chefs de clinique territoriaux
Le soutien du CHU aux filières en difficulté n'est pas le seul volet. Parallèlement, « il est impératif d’inciter les jeunes médecins à s’installer dans les petits hôpitaux et, pour ceux qui y sont déjà, à y rester en leur donnant accès aux meilleurs plateaux techniques », analyse le Pr Didier Carrié. C'est pourquoi plus de 100 médecins en provenance de ces mêmes CH interviennent régulièrement au CHU pour parfaire leur formation ou assurer une activité clinique, et accéder aux équipements.
À la faveur de cette organisation en réseau, des équipes territoriales ont donc été mises en place avec des temps médicaux partagés ou même des postes médicaux dédiés à cette activité territoriale.
Du côté de la fac de médecine, on se mobilise pour diffuser cette culture de la coopération. Aux 250 internes déjà présents dans ces petits hôpitaux, s’ajoutent désormais des étudiants de 4e et 5e années qui effectuent un stage d’un mois obligatoire dans un CH d’Occitanie Ouest (hors CHU). « Tout ne s’impose pas, nous voulons surtout redonner l’envie aux jeunes d’exercer en dehors des CHU, insiste le Pr Carrié. Pour cela, nous avons créé des postes de chefs de clinique territoriaux, avec l’objectif d’une dizaine dès l’année prochaine ».
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