La fragilité est un état multifactoriel de vulnérabilité, fréquent chez les personnes âgées. Des chercheurs canadiens ont évalué l'effet du degré de fragilité des personnes âgées sur le risque de réadmission ou de décès après une opération chirurgicale.
Trois cent huit patients âgés de 65 à 94 ans ont été inclus. Ils ont été pris en charge pour une chirurgie abdominale d'urgence à l'University of Alberta Hospital d'Edmonton et au Foothills Medical Centre à Calagary entre 2014 et 2015.
Leur état de fragilité a été évalué avant l'opération à l'aide de la Canadian Study of Health and Aging Clinical Frailty Scale (échelle allant de 1 à 9). Les patients dont le score était supérieur à 6 n'ont pas été inclus dans la cohorte. Le score 1 correspond à « very fit » et le score 6 à « moderate frailty ». « Ces scores, basés sur les IADL (Instrumental Activities of Daily Living), sont fiables et utilisables à travers le monde », précise le Pr Benoît de Wazières du service de médecine gériatrique du CHU de Nîmes.
Plus de réadmissions chez les patients les plus fragiles
Le critère principal était la réadmission (pour soins aigus) ou le décès toutes causes confondues 30 jours après l'intervention et 6 mois après.
Trente jours après, la proportion de patients réadmis ou décédés était donc plus importante chez les patients ayant un score supérieur à 3 (16,1 % des patients vulnérables et 17,6 % des patients fragiles contre 4,2 % des patients considérés en bonne santé), même après ajustement sur différents critères (âge, sexe, type de chirurgie…).
Une prédisposition à un risque accru de manière dose-dépendante
À 6 mois, parmi les patients réadmis ou décédés (33,8 %), plus de patients vulnérables (33,3 %) et fragiles (37 %) ont été réadmis ou sont décédés par rapport aux patients dont l'état général était bon (15,3 %). Après ajustement sur différents critères, le niveau de fragilité prédisposait de façon dose-dépendante à un risque accru de réadmission ou de décès à 6 mois.
Ces résultats mettent en évidence la valeur pronostique du niveau de fragilité des patients devant subir une intervention, même chez ceux dont l'état de santé ne semble pas altéré et qui ne bénéficient pas d'une évaluation gériatrique. Les auteurs précisent que « les résultats ne peuvent pas être généralisés à des patients très fragiles ou en phase terminale, car ces groupes ont été exclus ».
« Cette étude nous conforte dans la nécessité d'utiliser des grilles de dépistage de la fragilité, comme cela se fait en cancérologie avec l'outil G8. Il faudrait prendre l'habitude de dépister les patients fragiles et de les orienter vers des gériatres afin de proposer une évaluation gérontologique pour mettre en place des mesures préventives et une prise en charge adaptée », conclut le Pr Benoît de Wazières.
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