Une piste pour mieux mobiliser les cellules souches

L’erlotinib, un anti-cancéreux candidat dans la greffe de mœlle

Publié le 28/09/2010
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Crédit photo : S Toubon

DE NOTRE CORRESPONDANTE

« NOUS AVONS RÉUSSI à progresser, à partir d’un criblage génétique complexe non biaisé, vers l’identification d’un mécanisme puis l’identification d’un médicament qui améliore la mobilisation des cellules souches hématopoïétiques (CSH) chez la souris », explique au « Quotidien » le Dr Hartmut Geiger (Cincinnati Children’s Hospital Medical Center, États-Unis). « Cela représente, à notre avis, un bon exemple d’une recherche translationnelle réussie sur les cellules souches. »

Indiquées dans le traitement de certains cancers et maladies hématologiques, les greffes de cellules souches hématopoïétiques (CSH) sont se font principalement à partir des CSH prélevées dans le sang périphérique.

Actuellement, le traitement standard qui favorise le passage des CSH de la moelle osseuse vers le sang périphérique consiste à administrer le facteur de croissance G-CSF (Granulocyte Colony Stimuly Factor, instauré quatre jours avant l’aphérèse).

Stimulaiton insuffisante chez 10 % des donneurs.

Cependant, la mobilisation induite par le G-CSF s’avère insuffisante chez jusqu’à 10 % des donneurs, empêchant la réalisation de l’autogreffe ou retardant le temps de récupération de la greffe.

De nouvelles stratégies de mobilisation sont donc nécessaires pour majorer le nombre de cellules souches recueillies dans le sang périphérique.

Grâce à une approche de génétique « forward » et un modèle souris, l’équipe de Harmut Geiger avait précédemment identifié une liaison entre une meilleure mobilisation des CSH et un locus sur le chromosome 11 de la souris. Ce locus contenait un gène candidat, le gène encodant l’EGFR (Epidermal Growth Factor Receptor, c’est-à-dire récepteur pour le facteur de croissance épidermique).

De fait, l’expression de l’EGFR dans les CSH se montrait inversement corrélée à la capacité des cellules à être mobilisées par le G-CSF, ce qui indiquait un rôle négatif de l’EGFR dans la mobilisation.

Dans leur nouvelle étude publiée dans « Nature Medicine », Ryan et coll. ont confirmé le rôle inhibiteur du signal EGFR dans la mobilisation des CSH chez la souris.

La réduction de l’activité de l’EGFR.

Ils montrent que, en combinaison avec le traitement G-CSF, la réduction génétique de l’activité EGFR dans les CSH (chez les souris mutantes waved-2) augmente la mobilisation des CSH chez la souris.

De façon cruciale, l’inhibition pharmacologique de l’EGFR par l’erlonitib (Tarceva), un médicament utilisé avec succès dans certains cancers (poumon, prostate et autres), améliore également la mobilisation des CSH par le G-CSF chez la souris, ce qui souligne l’implication thérapeutique de cette découverte.

« Si l’efficacité de cette approche est confirmée en clinique, elle pourrait aider à améliorer les résultats des greffes de moelle osseuse. Notre prochaine étape sera d’évaluer si la mobilisation des CSH humaines est accrue par l’inhibition du signal EGFR », confie le Dr Hartmut Geiger.

Nature Medicine, 26 septembre 2010, Ryan et coll., DOI: 10.1038/nm.2217

 Dr VÉRONIQUE NGUYEN

Source : Le Quotidien du Médecin: 8824