Les accidents de trottinette électrique sont aussi graves que ceux impliquant des vélos ou des motos, selon un travail mené par les médecins des services d’anesthésie-réanimation composant le groupe français de recherche Traumabase.
Ces derniers ont étudié la gravité des blessures subies à la suite des accidents de la route avec des engins de déplacement personnel motorisé (EDPM). Cette catégorie regroupe les trottinettes électriques, les monoroues, les gyropodes et les hoverboards.
Dans une analyse publiée dans le « JAMA Network Open », les chercheurs fournissent les premières données françaises solides sur la traumatologie sévère survenue au cours d'un accident impliquant un usager d'EDPM. Ils se sont pour cela saisis de la base de données de l'observatoire français des traumatismes majeurs (Traumabase1), qui regroupe les données de toutes les personnes admises dans 26 centres de traumatologie, soit un total de 5 233 patients âgés en médiane de 33 ans et impliqués dans un accident de vélo, moto ou EDPM.
Presque trois fois plus d'accidents de trottinette en quatre ans
L'équipe a analysé les données de 5 233 patients impliqués dans un accident de la route, dont 88,5 % d'hommes. Entre janvier 2019 et décembre 2022, le nombre d'admissions à la suite d'un accident impliquant l’usage d’un EDPM a été multiplié par 2,8, soit 229 patients gravement blessés sur cette période. Dans le même temps, celui des patients impliqués dans un accident de bicyclette a été multiplié par 1,2 soit 910 accidentés. Enfin, le nombre de patients impliqués dans un accident de moto a diminué de 10 %, mais ces derniers restent majoritaires avec 4 094 accidentés.
L'indice de sévérité des traumatismes (ISS) était supérieur à 16 dans 45,5 % des patients conduisant un EDPM, un taux proche de celui des conducteurs de moto (39,7 %) ou de vélo (47,3 %), en dépit d’une vitesse a priori moindre. Moins du quart des conducteurs de ces engins (22,5 %) portaient un casque, et cela se ressent dans les résultats : le risque de traumatisme crânien (défini par le test d'évaluation du coma Glasgow 3) est deux fois plus élevé chez les usagers d'EDPM que chez les motocyclistes (25,9 % contre 11,8 %).
Un contexte d'alcoolisation
Les auteurs notent aussi des données éclairantes sur les circonstances des accidents, qui surviennent souvent le soir ou le week-end, dans un contexte d'alcoolisation dépassant le seuil légal de 0,5 g/L (36,7 % des cas). Une hospitalisation en réanimation était nécessaire dans les trois quarts des cas, suivis d'une hospitalisation de 15 jours en moyenne. Enfin, 9 % des usagers d'EDPM gravement accidentés sont décédés, majoritairement du fait de traumatismes crâniens graves, et généralement dans un contexte d'alcoolisation excessive. « Cette étude pourrait être utile aux politiques publiques et sanitaires », précisent les auteurs.
Pour les auteurs, tout patient admis à la suite d'un accident impliquant un EDPM doit être considéré, dès son évaluation initiale, comme un potentiel traumatisé sévère.
La première cause de mortalité est le traumatisme crânien et la plupart des accidents interviennent dans un contexte d’alcoolémie élevée, cette étude pourrait être utile aux politiques publiques et sanitaires.
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