Dans les pathologies du genou et du tronc, les indications pour le port d'une orthèse sont multiples et parfois différentes de ce qui était pratiqué il y a encore quelques années. En cause : l'évolution des techniques et le mode d'action de ces appareillages.
Indication en cas d'entorse et d'arthrose pour le genou
« En cas d'entorse grave du genou avec rupture du ligament croisé, l'orthèse doit permettre une immobilisation en extension jusqu'à l'obtention du genou stable », précise le Pr Thoumie chef du service de rééducation neuro-orthopédique à l'hôpital Rothschild, à Paris. Ce traitement favorise la cicatrisation des lésions associées, assure la restauration fonctionnelle et permet la reprise des activités physiques antérieures après rééducation. En cas d'instabilité résiduelle, une orthèse articulée peut être proposée. « Si tout cela ne fonctionne pas, l'alternative est l'intervention chirurgicale », précise le spécialiste. Chez les sportifs de haut niveau, en revanche, la stabilité du genou ne peut être obtenue qu'après intervention chirurgicale suivie de 6 à 9 mois de rééducation, « sans appareillage en post-opératoire contrairement ce qui se faisait il y a une vingtaine d'années », poursuit le Pr Thoumie.
Pour l'arthrose du genou, le port d'une orthèse est préconisé depuis 2013. La réduction des facteurs mécaniques par mise en décharge du compartiment interne permet une amélioration de la douleur et du score fonctionnel. « On note également une association positive du port de l'orthèse avec la force musculaire », fait remarquer le Pr Thoumie car, contrairement à une idée reçue, l'appareillage permet le maintien d'une activité musculaire, donc d'une activité physique.
Pour les syndromes rotuliens, en revanche, les effets de l'orthèse sur la douleur et la fonction restent à étudier.
« Par rapport à un traitement pharmacologique, l'orthèse permet au patient d'être amélioré dans l'heure qui suit avec une efficacité qui se maintient dans le temps », souligne le Pr Thoumie. Sur le long et le moyen terme, en revanche, la réflexion sur le port d'une orthèse doit se faire en regard des alternatives non pharmacologiques que sont la rééducation et la chirurgie.
Des effets biodynamiques pour les pathologies lombaires
Pour les pathologies du tronc, « ce sont les effets biodynamiques qui vont guider le choix de l'indication pour le port d'une orthèse », souligne le Dr Paul Calmels, praticien hospitalier au CHU de Saint-Etienne.
Sur le plan biomécanique, l'orthèse permet une limitation des amplitudes segmentaire ou globale. L'immobilisation des segments bas du rachis, souvent les plus affectés, est cependant plus difficile à obtenir que celle des segments hauts. Quant à l'immobilisation absolue, elle est préconisée lorsqu'il existe un risque osseux, discal ou inflammatoire ou dans le cadre de certaines douleurs ou indications (inflammatoires ou infectieuses).
L'appareillage permet également une diminution des contraintes discales par baisse de la pression intra-discale et des contraintes articulaires postérieures. Il peut également modifier, de façon statique, la posture et a une action proprioceptive.
Enfin, l'orthèse n'entraîne pas d'atrophie musculaire si le patient continuer à bouger. Selon le Dr Calmels, « le port de la ceinture peut donc être un élément pour la reprise d'activité du patient, voire pour lui permettre de retravailler ».
En termes d'effets, l'orthèse agit sur la douleur et l'inflammation, modifie le ratio fléchisseur/extenseur et a un effet décontracturant et de mise au repos. Une amélioration des activités de la vie quotidienne, une diminution de la prise de médicaments et une reprise ou un maintien d'activité sont également constatés.
« Les orthèses, très prescrites, sont globalement bénéfiques si elles sont correctement utilisées », note le Pr Calmels. « Elles s'inscrivent dans une stratégie thérapeutique qui peut aller de l'immobilisation à la remobilisation, facilitant la reprise d'activité, la reprise du sport, voire la reprise du travail », souligne-t-il.
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