Ligament croisé antérieur

Les résultats à long terme de la reconstruction

Publié le 10/11/2014
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Un des deux symposiums de la AOT-CNP SOFCOT s’intéresse aux résultats à long terme (plus de 10 ans) du traitement chirurgical des laxités antérieures du genou par reconstruction du ligament croisé antérieur (LCA). Si l’histoire naturelle, potentiellement péjorative, d’un genou qui a subi une rupture du LCA est bien connue depuis des années (avec développement du triptique instabilité–méniscectomie–arthrose à long terme, l’avenir de la reconstruction du LCA par ligamentoplastie moderne (autogreffe réalisée sous arthroscopie avec préservation du capital méniscal) reste plus incertaine, en particulier pour les résultats au-delà de 10 ans. En effet, depuis 1981, où un symposium avait été consacré au traitement des ruptures ligamentaires fraîches par Imbert, beaucoup de chemin a été parcouru, avec de nombreuses évolutions.

Jeune sportif

La rupture du LCA est une affection fréquente chez le jeune sportif (plus de 40 000 interventions de reconstruction en 2014), avec notamment plus de 18 000 ruptures liées à la pratique du ski durant une saison. Elle est régulièrement –après sélection des patients en tenant compte des recommandations de HAS en 2008– traitée chirurgicalement par une reconstruction du ligament. L’objectif de cette intervention est de reconstituer l’anatomie du genou afin de retrouver un genou fonctionnel stable et indolore, qui autorise ensuite la reprise des activités sportives, limite la survenue de lésions méniscales ultérieures et cartilagineuses secondaires. Elle pourrait donc, théoriquement, avoir pour objectif secondaire à long terme de freiner la dégradation arthrosique du genou.

Avenir fonctionnel

Cette pathologie concerne des patients de tous âges mais le plus souvent des sujets jeunes de 20 à 30 ans. Les résultats cliniques et radiographiques à court terme (2 et 5 ans de recul) on fait l’objet de nombreuses publications sur la reprise des activités sportives. Cependant, leur avenir fonctionnel reste une vraie préoccupation.

Les données à plus long terme sont plus rares, mêmes si des équipes françaises (2) avaient rapporté des résultats intéressants sur des patients pris en charge il y a de nombreuses années, avec souvent un capital méniscal non intact au moment de l’intervention. Une étude conduite à Caen en 2006 (publiée dans AJSM) pour analyser ce type de résultats au-delà de 10 ans avec des genoux moins préservés au moment de l’intervention avait orienté les résultats et renforcé la nécessité de conservation méniscale, mais l’effectif était faible, avec 100 patients.

Étude française

L’intérêt d’une étude rétrospective multicentrique était de pouvoir recueillir un collectif plus important et ainsi mieux représenter les résultats au niveau national. Ces patients, jeunes au moment de l’intervention, sont très mobiles et il est parfois difficile de les suivre en consultation avec un examen habituel clinique et radiographique, même si l’évolution de certains des genoux opérés incite à les suivre régulièrement.

Ainsi nous comptons, avec cette étude, améliorer les données recueillies par rapport aux données déjà publiées sur des sujets jeunes au moment de l’intervention qui, 10 ans plus tard, ont bien souvent moins de 40 ans. Il s’agissait d’une étude rétrospective multicentrique qui impliquait 19 centres médicaux (1).

Nous avons ainsi pu analyser plus de 600 patients à 10 ans de recul et 180 à 20 ans de recul, ce qui en fait un collectif important. Nous avons pu ainsi analyser de nombreux critères pronostiques ; les recouper avec la littérature afin de dégager des portraits type d’évolution des genoux en terme de stabilité, nouvelle rupture, évolution méniscale, reprise du sport et devenir arthrosique. Il est intéressant aussi d’analyser nos pratiques en fonction des recommandations éditées par HAS en 2008.

D’après la conférence d’enseignement du Dr Nicolas Graveleau (Paris) et Pr Christophe Hulet (Caen)

(1) Les investigateurs principaux sont le Pr Christophe Hulet (CHU de Caen) et le Dr Nicolas Graveleau (Espace Médical Vauban, Paris) mais aussi les centres de Lyon (Centre Albert Trillat, Centre Santy, Hôpital Lyon sud), de Paris (CHU Ambroise Paré et La Pitié-Salpêtrière, Clinique des Maussins, Centre Nollet, Institut Goethe et CMC Paris V), les CH de Versailles et Mayenne, les hôpitaux militaires dans leur ensemble, la polyclinique de l’Europe à La Baule, le centre Borely de Marseille et les CHU de Caen, Brest, Nice, Grenoble

(2) Chambat P (thèse de Selva), Dejour H (thèse de T Ait Si Selmi), Lerat JL (thèse de F Chotel), Neyret P (thèse de J Pernin), Locker B (thèse de G Pierrard).


Source : Congrès spécialiste