Métastases vertébrales

L’essor de la vertébroplastie percutanée

Publié le 12/12/2011
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Crédit photo : PHANIE

LA VERTÉBROPLASTIE percutanée est une technique de radiologie interventionnelle qui permet de consolider le corps vertébral par injection d’un ciment acrylique, après abord cutané. Elle est réalisée sous contrôle fluoroscopique. « Cette technique, pour laquelle nous avons plus de 20 ans de recul dans notre centre (N.D.L.R. : groupe hospitalier Pitié-Salpêtrière), a connu un véritable essor depuis 6 ou 7 ans, précise le Pr Chiras. Elle constitue à la fois un outil de stabilisation, entraînant une réduction des douleurs d’origine mécanique liées aux métastases et un outil de consolidation définitive. De plus, grâce aux progrès réalisés dans les produits injectés, nous disposons aujourd’hui de ciments qui chauffent en polymérisant, ce qui leur confère un effet lytique, permettant dans certains cas de réaliser un traitement carcinolytique de la métastase ».

La vertébroplastie percutanée trouve ses indications dans les métastases multiples sans signe neurologique – qui ferait alors indiquer un geste chirurgical –, douloureuses ou très ostéolytiques, exposant à un risque de fracture et de compression.

« Actuellement, la vertébroplastie est de plus en plus souvent proposée en première intention, en alternative à la radiothérapie. Dans les cancers du sein notamment, qui sont à l’origine d’environ la moitié des métastases vertébrales, elle permet d’améliorer la qualité de vie chez des femmes dont l’espérance de vie peut atteindre 6 à 7 ans », souligne le Pr Jacques Chiras.

Le geste, qui dure de 20 à 30 minutes, est généralement réalisé sous sédation neuroleptique, plus rarement (3 à 4 % des cas) sous anesthésie générale. Le contrôle fluoroscopique permet de vérifier la bonne distribution du ciment et de repérer d’éventuelles fuites extra-vertébrales pouvant être à l’origine de complications. « Le passage veineux d’une quantité infime de ciment est la complication la plus fréquente, mais il n’entraîne que très rarement une embolie symptomatique. Une complication radiculaire, à type de névralgie, est toujours possible lorsque du ciment vient au contact d’une racine nerveuse. La sédation des douleurs est alors le plus souvent obtenue avec un simple traitement anti-inflammatoire. Une infiltration est parfois nécessaire, voire un geste chirurgical dans de rares cas. Dans notre expérience, qui porte sur plus de 2 200 vertèbres, quelques très rares accidents graves ont été rapportés, dont un décès après une vertébroplastie cervicale », rapporte le Pr Jacques Chiras, qui insiste sur la nécessité de réaliser le geste dans de bonnes conditions (installation radiologique numérisée adaptée avec salle d’angiographie) et sur l’importance de l’expertise du radiologue interventionnel. « Les patients sont ensuite revus après 3 ou 4 semaines, mais ils nous sont ensuite régulièrement réadressés par leur centre anticancéreux pour traiter d’autres lésions au fur et à mesure de l’évolution de la maladie ».

Les résultats sont très satisfaisants, avec une amélioration de la douleur dans 90 % des cas ; la persistance de douleurs résiduelles découle en général de la présence d’autres métastases non traitées. La consolidation de la vertèbre sur le long terme est observée dans 90 % des cas.

« Aujourd’hui, nous traitons de plus en plus de métastases uniques, ce qui impose un traitement complet de la lésion. La technique se développe aussi sur d’autres sites métastatiques, en particulier au niveau du bassin, dans un contexte de traitement préventif de la fracture, du cotyle ou des ailerons sacrés par exemple. À moyen terme, d’autres développements sont attendus, cette fois du côté des matériaux, ce qui pourrait nous permettre de proposer un geste de radiologie interventionnelle dans les métastases des os longs », conclut le Pr Chiras.

D’après la communication orale 7413. « Vertébroplastie percutanée des métastases vertébrales : indications et résultats – 14 ans d’expérience. » Dr Frédéric Clarençon et coll. et un entretien avec le Pr Jacques Chiras, service de neuroradiologie interventionnelle, groupe hospitalier Pitié-Salpêtrière, Paris.

 Dr Isabelle Hoppenot

Source : Congrès Hebdo