La chirurgie bariatrique connaît un développement rapide en France. « Près de 50 000 opérations ont été réalisées en France en 2015. Un chiffre qui a été multiplié par 4 en 10 ans », a déclaré le Pr Jean Gugenheim, président de la Société française et francophone de chirurgie de l’obésité et des maladies Métaboliques.
Dans ses recommandations (2009), la Haute Autorité de santé (HAS) a souligné l’importance d’un suivi post-opératoire pluridisciplinaire organisé en amont de l’intervention et prolongé la vie durant. « Or, rares sont les centres qui suivent encore la moitié de leurs patients deux ans après l’intervention », a-t-il ajouté. Parmi les soignants capables d’apporter une aide aux patients figurent au premier plan les médecins nutritionnistes. « La place du médecin nutritionniste est essentielle tout au long de la prise en charge de cette maladie chronique qu’est l’obésité », a souligné le Dr Brigitte Rochereau, présidente de la Fédération nationale des associations médicales de nutrition. Cependant, des progrès sont à faire dans l’organisation des soins…
20 % de patients suivis à 5 ans
En effet, pour une population opérée - actuellement en France, elle est évaluée à 500 000 personnes -, une enquête de la CNAM sur une cohorte de 14 609 sujets a montré que seulement 20 % bénéficiait d'un suivi et 25 % de consultations avec un médecin nutritionniste à 5 ans. En l’absence de complication (ce qui est heureusement de loin le cas le plus fréquent), le rôle du médecin nutritionniste est de veiller, en partenariat avec le médecin traitant, entre autres, à l’observance de la prise de vitamines et de compléments alimentaires. Mais l’aspect financier du suivi d’une population globalement défavorisée est loin d’être négligeable : suppléments nutritionnels, vitaminiques et examens biologiques (certains dosages vitaminiques) non remboursés, consultations de diététicienne et de psychologue non remboursés… Leur remboursement aiderait nombre d’opérés à se faire suivre, souligne l’Académie.
En ce qui concerne, plus particulièrement les consultations des médecins nutritionnistes, l’Académie nationale de chirurgie se déclare favorable à leur revalorisation. La difficulté actuelle pour la CNAM vient de l’absence d’identification des médecins nutritionnistes par l’Ordre des Médecins et de l’absence d’acte traceur les repérant dans le PMSI. Enfin, l’Académie propose que la prise en charge de l’obésité en France fasse l’objet d’un contrat avec la personne obèse, concrétisé par un carnet de suivi, permettant l’établissement d’un planning de suivi personnalisé. Un registre national pourrait ainsi être constitué.
Qu’est un « nutritionniste » ?
« Utilisé seul, le mot « nutritionniste » ne veut rien dire, affirme le Dr Brigitte Rochereau, médecin-nutritionniste, titulaire du DESC en nutrition et présidente de la Fédération nationale des associations médicales de nutrition (www.Fnamn.fr). Il doit toujours être accolé à un métier pour ne pas ajouter de la confusion auprès du public : médecin nutritionniste, diététicien nutritionniste, ingénieur nutritionniste… »
Le médecin nutritionniste a complété sa formation initiale de médecin (bac + 8) par un diplôme d’étude spécialisé complémentaire (DESC). D’autres diplômes universitaires ou interuniversitaires peuvent ouvrir une compétence en nutrition. La profession de médecin nutritionniste s’est structurée. Il existe un Conseil national universitaire de nutrition (CNU), un Collège des enseignants de nutrition (CEN), un Conseil national professionnel de nutrition (CNPDN) au sein de la Fédération de spécialités médicales (FSM).
Mais les problématiques nutritionnelles sont multiples et la prise en charge des patients nécessite une collaboration multidisciplinaire. Un travail de plus grande lisibilité des compétences de chacun est en cours pour clarifier le parcours de soin.
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