L’ACNÉ est très fréquente chez les peaux noires. Il s’agit du premier motif de consultation : par exemple, à l’hôpital Saint-Louis, 30 % des consultations de dermatologie chez les sujets noirs concernent l’acné.
L’acné se manifeste essentiellement par une inflammation très importante et précoce, même en présence de lésions rétentionnelles, qui laisse des taches sur le visage. Ces taches pigmentées s’expliquent par un mécanisme de mélanogénèse post-inflammatoire succédant aux lésions papulo-pustuleuses
« Dans la moitié des cas, les pigmentations post-inflammatoires durent plus de quatre mois » souligne le Dr Florence Poli (hôpital Henri-Mondor, Créteil).
Un cas particulier est représenté par les acnés liées à l’utilisation des corticoïdes à visée dépigmentante. « Une grande majorité de femmes africaines utilisent des dermocorticoïdes dans un but de dépigmentation volontaire soit pour faire disparaître les taches, soit pour éclaircir leur teint. Or, ces corticoïdes puissants entraînent des effets secondaires, en particulier des acnés sévères inflammatoires. Il faut donc toujours rechercher si ces femmes utilisent des dépigmentants », ajoute le Dr Florence Poli.
Une autre particularité chez les peaux noires est la fréquence de l’acné cosmétique, décrite par Kligman chez les noirs américains. Cette acné cosmétique est consécutive à l’application répétée de produits cosmétiques comédogènes, en particulier gomina ou gel dans les cheveux qui provoquent une acné du front ou encore des laits démaquillants qui ne sont pas rincés.
Le traitement local.
Le traitement de l’acné sur les peaux noires fait appel aux traitements classiques des peaux caucasiennes, mais il faut tenir compte des particularités précédemment décrites. Le principe est de prendre en charge l’acné et en même temps, les séquelles pigmentaires associées. Il faut également, privilégier des topiques anti-acnéiques non irritants pour ne pas aggraver l’inflammation et l’hyperpigmentation.
Parmi les topiques, on peut utiliser en début de traitement le peroxyde de benzoyle, antibactérien et anti-inflammatoire qui est assez bien toléré.
« En ce qui concerne les rétinoïdes, il faut faire attention à ne pas créer d’irritation supplémentaire. On choisira de préférence des rétinoïdes de deuxième génération comme l’adapalène (Différine) qui, en plus, ont un effet dépigmentant. Pour une meilleure efficacité, on peut prescrire en alternance le peroxyde de benzoyle et le rétinoïde topique ou les utiliser en association (Epiduo) » ajoute le Dr Florence Poli.
On vérifiera aussi que les cosmétiques utilisés pour l’hygiène et le soin (hydratant, apaisant…) sont non comédogènes.
Pas de minocycline.
Par voie orale, on fait appel aux tétracyclines (doxycycline). « Elles sont obligatoirement prescrites dès le début du traitement, même en cas d’acné mineure afin d’éviter une poussée inflammatoire qui laisserait des séquelles et la survenue des taches pigmentées, » déclare le Dr Florence Poli. « La minocycline ne doit pas être prescrite chez les sujets noirs en raison d’un syndrome d’hypersensibilité qui peut être mortel. » L’isotrétinoïne peut être prescrite en respectant les règles habituelles. « En général, je commence le traitement à doses faibles pour l’augmenter ensuite progressivement. »
Une photoprotection quotidienne.
Un autre volet essentiel dans le traitement est l’application quotidienne d’une photoprotection quel que soit l’endroit et quelle que soit la saison. « Les patients noirs ne comprennent généralement pas l’utilité d’une telle mesure. Ils n’ont jamais mis de protection solaire… Et ils sont très difficiles à convaincre. C’est ainsi que je leur prescris une crème cosmétique contenant à la fois un dépigmentant (acide kojique, par exemple) et un protecteur solaire. J’insiste sur le côté dépigmentant et ainsi, ils l’appliquent. »
Enfin, les conseils d’hygiène sont très importants : toilette douce avec un pain sans savon, éviter les crèmes trop grasses, les produits couvrants…
Un dépigmentant si nécessaire.
Lorsque l’acné est éteinte et qu’il ne reste que les taches, le traitement fait alors appel à des dépigmentants comme le trio de Kligman en préparation magistrale : hydroquinone, hydrocortisone, acide rétinoïque.
« Il faut faire attention à ne pas entretenir l’usage d’un dépigmentant chez des patients qui ont déjà tendance à trop utiliser ces produits. Il ne faut le prescrire qu’en cas de marques pigmentées persistantes après la régression de l’acné, très localement et pendant une courte durée, » précise le Dr Florence Poli.
En ce qui concerne les autres méthodes de dépigmentation, seul le peeling superficiel est autorisé sur les peaux noires (acide salicylique, LHA…). Il est utilisé en association avec une préparation dépigmentante et avec une photoprotection.
Quant au laser, ou à la microdermabrasion, certains l’emploient avec succès, mais il n’y a pas de consensus sur ces méthodes.
(1) hôpital Henri-Mondor, Créteil
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