Opzelura (ruxolitinib) est le premier et le seul inhibiteur de JAK (sélectif des isoformes JAK 1 et 2) topique dont l’usage a été approuvé au sein de l’Union européenne. Il est indiqué dans le traitement du vitiligo non segmentaire avec atteinte faciale chez les adultes et les adolescents à partir de 12 ans.
Le vitiligo est une maladie auto-immune chronique, non héréditaire, caractérisée par une dépigmentation de la peau due à la destruction progressive des mélanocytes. L’hyperactivité de la voie de signalisation des JAK-Stat serait à l’origine de l’inflammation impliquée dans la pathogenèse et la progression du vitiligo. On estime qu’il touche 0,5 à 2 % de la population mondiale.
« La maladie se déclare généralement avant l’âge de 30 ans (80 % des patients), mais on note de plus en plus de débuts tardifs et des facteurs environnementaux sont suspectés », explique le Pr Thierry Passeron (CHU de Nice). Huit patients sur 10 souffrent de vitiligo non segmentaire.
« Les trois objectifs du traitement du vitiligo sont de stopper la perte mélanocytaire, d’induire la différenciation et la prolifération des mélanocytes (processus long nécessitant six à 24 mois de traitement) et de prévenir les récidives, souligne le Pr Passeron. Il n’existe aujourd’hui pas de traitement spécifique et les traitements utilisés le sont hors autorisation de mise sur le marché (AMM) : dermocorticoïdes, tacrolimus pommade, minipulse de cortisone orale deux fois par semaine, certains antioxydants par voie orale. La photothérapie (cabines UVB, lampes UVB chez le dermatologue ou à domicile) et l’exposition solaire progressive jusqu’à ce que la peau rosisse ont montré leur intérêt en association avec les topiques. »
Une application biquotidienne
L’AMM se fonde sur les données de deux essais cliniques pivots de phase 3 (True-V1 et True-V2) évaluant l’efficacité et la sécurité d’emploi d’Opzelura par rapport au véhicule chez plus de 600 personnes âgées de 12 ans et plus. Après six mois de traitement, les résultats qui étaient cohérents dans les deux études ont montré que 29,8 % et 30,9 % des patients traités par Opzelura avaient obtenu une amélioration d’au moins 75 % de la pigmentation (score Vasi) de leur visage. À un an, environ un patient sur deux traités par Opzelura a obtenu un F-Vasi75 et un sur trois un F-Vasi90. L’effet indésirable le plus fréquent a été l’acné au site d’application (5,8 %).
La crème Opzelura doit s’appliquer deux fois par jour sur les zones cutanées dépigmentées (avec un intervalle minimum de huit heures entre deux applications) jusqu’à un maximum de 10 % de la surface corporelle. Une repigmentation satisfaisante peut nécessiter un traitement pendant plus de 24 semaines.
Le développement du ruxolitinib en crème a ouvert la voie et de nombreux autres traitements sont en développement. Une forme orale, plus pratique au long cours, est déjà à l’étude (phase 2). D’autres études évaluent l’efficacité de ruxolitinib crème dans la dermatite atopique chez l’enfant, dans le prurigo nodulaire, l’hidradénite suppurée, le lichen plan et le lichen scléreux.
L’étude internationale Valiant, présentée en congrès, a montré l’impact et le fardeau du vitiligo sur la qualité de vie. Quelque 45 % des patients ont été mal diagnostiqués et, en Europe, 65 % d'entre eux se sont entendus dire que leur vitiligo ne pouvait pas être traité (76 % en France). Environ 55 % des patients européens rapportent des symptômes de dépression modérée à sévère.
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