« Alors que l'herpès labial est l'une des maladies les plus fréquentes, peu de patients consultent pour la soigner. Et, souvent, ce n'est pas le motif principal de consultation », souligne le Dr Bruno Halioua, dermatologue à Paris. D'après l'enquête croisée médecins/patients intitulée RP'S, fatigue et stress restent les principaux facteurs déclenchant l'herpès labial. Concernant les symptômes annonciateurs de la maladie (chaleur, gonflement, picotements, rougeurs…), les médecins surestiment les connaissances des patients. De fait, ils pensent que 86 % des malades repèrent les signes avant-coureurs. Or, en réalité, seuls 63 % affirment les connaître. D'après l'enquête, la majorité des personnes qui méconnaissent ces signes ont, au moins, deux épisodes d'herpès par an et 20 % sont très touchés (4 crises et plus par an). « Les patients qui consultent pour un herpès labial viennent souvent trop tard, lorsque les vésicules sont déjà présentes. Or, les traitements sont plus efficaces lorsqu'ils sont pris dès les symptômes prodomaux. Les médecins doivent donc aider les patients à les reconnaître et à adopter une démarche préventive », affirme le Dr Halioua.
Des traitements topiques, systémiques et muco-adhésifs
La prise en charge de l'herpès labial repose sur un traitement antiviral administré le plus tôt possible. L'objectif : accélérer la guérison du bouton de fièvre ou prévenir l'apparition de nouvelles lésions. Plusieurs traitements antiviraux sont actuellement disponibles sous forme de crèmes à appliquer sur le bouton, de comprimés à prendre par voie orale ou de comprimés muco-adhésifs. La majorité des patients se soignent avec des produits sans ordonnance (crèmes antivirales), achetés en pharmacie. Alors que plus de la moitié des généralistes jugent la voie systémique plus adaptée. « Les crèmes disponibles en automédication ne figurent pas parmi les recommandations de la conférence de consensus de 2001. Les antiviraux oraux sont efficaces à condition d'être administrés dès les premiers symptômes. En outre, nous pouvons également prescrire un nouvel antiviral (Sitavig, laboratoire Vectans Pharma) dont la forme galénique est originale. Il s'agit de comprimés muco-adhésifs à appliquer sur la gencive, qui délivrent une dose importante d'aciclovir in situ », précise le Dr Halioua. Sur prescription médicale obligatoire, ce médicament n'est, toutefois, pas remboursé par l'Assurance-maladie.
Stigmatisation et précautions
Plus de la moitié des personnes interrogées confient être « très inquiètes » à l'idée de voir survenir une crise d'herpès : 44 % des patients évoquent aussi une souffrance morale, liée à un sentiment de stigmatisation. Or, d'après l'enquête, les médecins n'y sont pas assez sensibilisés. En cas de crise, 59 % des patients refusent d'embrasser et 28 % dissimulent leur bouche. L'herpès labial n'est pas une maladie grave. « Néanmoins, les patients concernés doivent prendre quelques précautions. Ils ne doivent jamais embrasser un nouveau-né : la contamination peut être responsable de graves séquelles neurologiques, voire de décès chez ce dernier. Enfin, lors d'un épisode d'herpès, il ne faut jamais toucher l'œil ou appliquer une lentille en utilisant sa salive. Car le virus peut atteindre la cornée et causer une kératite herpétique », rappelle le Dr Halioua.
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