Fortement relayés par les médias et surtout par les réseaux sociaux, les régimes d’exclusion débordent des rayons alimentaires pour investir les modes de vie, avec les « sans-se-laver », « sans-s’habiller »… Le même scénario attire à chaque fois des foules d’adeptes : haro sur un produit, une substance, un comportement, qui empêcherait de bien vivre. Enjeu : se soigner individuellement, en dehors des chemins médicaux scientifiquement balisés. « Le Quotidien » propose un état des lieux de ces « sans-sans », en deux temps : intox/détox.
Intox aux poils ?
Les dermatologues le vérifient depuis plusieurs années, comme les gérants des instituts de beauté, la mode, tous genres et (presque) toutes régions du corps confondues, est à la peau lisse, rasée ou épilée de ses pilosités, visibles ou intimes. À la pince à épiler, au rasoir, à la tondeuse, à la cire froide, chaude, ou orientale, à la crème dépilatoire, à la lumière pulsée, ou au laser, la chasse aux poils sévit sous les aisselles, sur les bras, le torse, le dos, les épaules, les sourcils, sur le sillon inter-fessier, sur le pubis, même sur les testicules (sans oublier, subsidiairement, les narines et les oreilles).
Seule région à en réchapper chez les hommes, la barbe qui, ces dernières années, fait de la résistance. Il lui est prêté quantité d’allégations santé : elle capture poussières et pollens, réduisant les risques d’asthme et les symptômes d’allergie, elle tient chaud l’hiver, préserve l’hydratation de la peau en retenant les huiles produites par l’épiderme, elle « vieillit » ceux qui la portent, mais, en réalité, elle ralentit leur vieillissement cutané et, last but not the least, le port de la barbe diminuerait les risques de cancer de la peau en bloquant 90 à 95 % des rayons UV sur le visage (d’après des publications de Radiation Protection Dosimetry journal), sensibilisant au passage le public aux cancers de la peau qui touchent la gent masculine, selon les militants de l’association Shave November.
En prime, attestent les études publiées dans Evolution and Human Behavior, une barbe de dix jours procurerait un charme maximal, les hommes barbus étant perçus comme plus sexy que ceux qui se rasent.
Chez les femmes, une tendance émerge sur Instagram avec l’apparition des poils sous les bras. Des photos bras levés, arborant les pilosités des aisselles envahissent les réseaux sociaux, plusieurs comptes dédiés regroupant même quelques milliers d’abonnés. Mais elles restent l’exception, la majorité des femmes de moins de 35 ans préfèrent se raser toutes les pilosités, y compris, à l’instar des people Rihanna, Kim Kardashian ou Eva Longoria, les poils pubiens (enquête de Cosmopolitan). Selon le magazine, seules 4 % des femmes interrogées laisseraient cette région au naturel.
La tendance à l’épilation générale se propage maintenant chez les hommes. Est-ce la fin du mythe du macho au torse velu, très en vogue durant les seventies ? 84 % des femmes disent préférer les partenaires parfaitement imberbes (sondage pour Panasonic en 2014). Si bien que l’épilation masculine a cessé d’être un tabou, les motivations d’hygiène le disputant à l’esthétisme et à la recherche d’une plus grande attirance sexuelle.
Détox
Mais la mode du zéro poil n’est pas forcément bonne pour la santé de la peau. « Elle compromet le mécanisme de la perspiration », note le Dr Marc Perrussel, dermatologue (CHU de Rennes). « Il ne faut pas oublier l’utilité des poils qui ont un rôle à la fois ducteur pour aider à l’évacuation de la sueur, et protecteur du froid, de la chaleur, des UV, des poussières et des irritations, qu’ils poussent dans les zones fermées ou ouvertes », explique le Dr Jean-Loup Dervaux, auteur des « Maladies de la peau » (Dangles).
« À la base de chaque poil, une réserve de cellules souches permet d’améliorer la cicatrisation de la peau en cas d’éraflures, ou de brûlures », ajoute le Dr Nina Roos, dermatologue libérale, auteur d’« Une peau en pleine forme » (Solar). N’oublions pas non plus le rôle important des poils dans la libido. Leur racine capte les sensations de contact plus que ne le fait la peau, ils aident à faire frissonner le partenaire tout en retenant les phéromones, ces substances odoriférantes qui participent à l’attirance sexuelle. »
Quant à l’épilation du pubis, il ne serait pas sans risque dans la prévalence des infections sexuellement transmissibles. Certes, le lien de causalité entre épilation et IST n’est pas établi, mais une étude réalisée sur 7 500 Américains et publiée en décembre 2016 dans Sexually transmitted infections, a constaté que la prévalence des IST était de 8 % chez les personnes qui ne s’épilent pas, contre 14 % chez celles qui se sont au moins épilées une fois et même 18 % chez celles qui pratiquent l’épilation régulière.
Y a-t-il un biais, avec davantage de comportements sexuels à risque chez les adeptes de l’épilation pubienne ? Ou bien l’épilation du pubis occasionnerait-elle des microcoupures qui favorisent la pénétration de virus ou de bactéries contaminants ? Les recherches continuent sur les risques du zéro poil intime.
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