L’examen clinique note une zone blanche très odorante, faite de plages de petites tailles « ulcérées » (cf. cliché 1 et 2).
Ces éléments sont pathognomoniques du diagnostic de kératolyse ponctuée.
Cette entité est secondaire à une hyperhydrose sévère responsable d’une macération au niveau de la couche cornée, laquelle est colonisée par des corynebactéries (C. keratolyticum).
Ce germe dégrade les cornéocytes provoquant un semis de trous ou puits punctiformes exhalant une odeur de fromage.
L’odeur est secondaire au dégagement de composés sulfurés volatils.
Ces phénomènes sont aggravés par l’existence d’un climat chaud et humide, d’une marche prolongée dans l’eau, ou par le port de chaussures de manière prolongée.
Cette pathologie touche le plus classiquement les plantes des pieds ; cependant dans les régions tropicales les sujets venant de métropoles, ou non adaptés à ces climats chauds et humides, peuvent également être touchés au niveau des paumes des mains.
Cette atteinte est le plus souvent asymptomatique, mais peut générer des troubles à la marche du fait de sensations de brûlures ou de plaies.
Cliniquement, on retrouve un placard blanc au niveau de la plante des pieds au sein duquel apparaissent des dépressions punctiformes pouvant à certains niveaux devenir coalescentes.
Le plus souvent, les lésions apparaissent au niveau des points de pression, mais assez rapidement, si le sujet n’est pas traité, une atteinte de la pulpe des orteils et des régions interdigitales est notée.
Parfois il est possible de distinguer des macules érythémateuses ou violacées ; le plus souvent à la périphérie du placard blanchâtre.
Diagnostic
Les éléments cliniques comme l’odeur insupportable due à la prolifération bactérienne, mais aussi l’aspect clinique avec ces dépressions punctiformes permettent de poser le diagnostic.
Il est possible d’effectuer des prélèvements cutanés, lesquels individualisent les corynebactéries responsables.
Néanmoins, l’élément qui prime avant tout, reste l’aspect clinique.
Plusieurs diagnostics différentiels peuvent être discutés :
- le pied d’athlète,
- les verrues mosaïques surinfectées,
- l’eczéma dyshidrosique.
En fait aucune de ces propositions ne permet d’associer ces puits creusés à l’emporte-pièce (élément qui en anglais est identifié par le nom de cette pathologie : pitted keratolysis ; pitted étant la traduction de puits) au centre de l’enduit blanchâtre, et l’odeur.
Traitement
Lutter contre la transpiration, et éviter le contact prolongé avec de l’eau est le premier moyen à mettre en œuvre et nécessite de pouvoir quitter les chaussures, laver et sécher les pieds. Idem à titre préventif chez les personnes sujettes à cette pathologie.
Pour compléter chez les patients ayant une hyperhydrose importante, il est possible d’avoir recours à l’ionophorèse ou aux sels d’aluminium.
Il est d’autre part possible, à titre curatif, d’avoir recours à des anti-infectieux comme l’érythromycine, l’acide fusidique, la clindamycine, la mupirocine ou le miconazole.
Bibliographie
1. Revuz J-E R. Traité EMC : Cosmétologie et Dermatologie Esthétique. Ed. Elsevier-Masson 2009.
2. Goldcher A, Nataf A. Podologie du sport. Ed. Elsevier-Masson 2002.
3. Bessis D. Manifestations dermatologiques des maladies infectieuses, métaboliques et toxiques. Volume II. Ed. Springer 2008.
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