LES RÉCENTS RÉSULTATS issus de la Women’s Health Initiative (WHI) ont de quoi rassurer les femmes hystérectomisées et ménopausées prenant un traitement hormonal de substitution (THS). Les estrogènes seuls pris sur une durée de cinq ans n’augmenteraient ni l’incidence ni la mortalité du cancer du sein. Avec les données de la WHI à plus de dix ans, l’équipe du Pr Garnet Andersen confirme ainsi chez plus de 7 500 femmes, ce qui avait déjà été observé dans l’étude à ses débuts. Cette observation avait déjà suscité l’étonnement, puisque de nombreuses études observationnelles constatent, à l’inverse, une association entre estrogènes exogènes et cancer du sein. Mais il est bel et bien apparu une nouvelle fois que les femmes hystérectomisées prenant des estrogènes conjugués équins seuls avaient moins de cancer du sein que celles prenant un placebo.
Suivi actif sur cinq ans
Pour obtenir leurs résultats, les chercheurs américains ont analysé les données du suivi post-intervention. L’essai clinique avait été arrêté prématurément en 2004 en raison de la survenue d’un surrisque d’accident vasculaire cérébral, en particulier chez les sujets les plus âgées. Entre 1993 et 1998, l’étude avait enrôlé 10 739 femmes ménopausées, âgées de 50 à 79 ans, et ayant eu une hystérectomie, randomisées soit dans le groupe estrogènes par voie orale (0,625 mg par jour), soit dans le groupe placebo. Près de 7 645 femmes ont accepté de participer au suivi actif prolongé jusqu’en 2009.
Après un suivi médian de 11,8 ans, la prise d’estrogènes pendant 5,9 ans était ainsi associée à une moindre incidence de cancer du sein invasif (151 cas chez les 5 310 femmes traitées) par rapport au placebo (199 cas chez les 5 429 contrôles). Moins de femmes du groupe estrogènes sont décédées d’un cancer du sein, 6 cas par rapport à 16 dans le groupe placebo. De la même façon, moins de femmes sont décédées toutes causes confondues après diagnostic de cancer du sein, 30 versus 50.
L’analyse en sous-groupes a fait ressortir le fait que la réduction du risque concernait essentiellement les femmes indemnes de toute maladie bénigne du sein et n’ayant pas d’antécédent familial de cancer du sein. Ce qui fait conclure aux auteurs que l’on ne peut recommander les estrogènes pour réduire l’incidence du cancer du sein, dans la mesure où cet effet positif n’a pas été retrouvé dans les populations à risque élevé. De plus, comme le font remarquer des médecins britanniques dans un éditorial, si l’on ne s’explique pas encore très bien l’effet protecteur des estrogènes seuls, les données convergent en revanche pour dire que le traitement combiné avec progestatifs augmente le risque du cancer du sein. Le choix du progestatif semble bien jouer un rôle prépondérant dans la tolérance du THS, et à ce sujet de nombreux points sont encore à préciser.
The Lancet Oncology, publié en ligne le 7 mars 2012. DOI:10.1016/S1470-2045(12)70075-X
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