Si on dispose depuis quelques années des pompes à insuline, ce n’est que très récemment que les capteurs pour la mesure en continu du glucose (MCG) ont été commercialisés. Ces outils thérapeutiques étant surtout destinés aux sujets ayant un diabète de type 1 (DT1). Une étude conduite aux États-Unis et en république Tchèque, Comisair-2 (1), s’est interrogée : laquelle de ces avancées technologiques est la plus déterminante pour contribuer à un meilleur équilibre glycémique ?
Durant 3 ans, 94 patients DT1 (de plus de 18 ans avec plus de 2 ans de diabète) ont été répartis en quatre groupes croisés, selon qu’ils utilisaient soit l’autosurveillance glycémique classique (ASG) soit le capteur iPro2-Medtronic (MCG) d’une part et un régime multi-injections (MI) versus la pompe à insuline (PP) d’autre part. C’est-à-dire : MI+ASG, MI+MCG, PP+ASG, ou PP+MCG.
L’équilibre glycémique a été évalué par l’HbA1c ainsi qu’avec les nouveaux indicateurs : temps passé à la cible 70-180 mg/dL (TIR), temps passé sous la limite basse < 70 mg/dL (TBR), incidence des hypoglycémies, variabilité glycémique.
Tous les résultats meilleurs avec la mesure continue du glucose
Dans les quatre groupes, les HbA1c de départ étaient de 8,2 à 8,3 %, et les patients âgés de 36 +/- 10 ans.
Les deux groupes sous capteur (MCG) ont une meilleure HbA1c – que les patients soient par ailleurs sous MI ou PP (respectivement 7 % et 6,9 %). Sous ASG, l’HbA1c est de 7,7 % quand elle est associée à la pompe, 8 % avec les multi-injections.
De même, le TIR a été meilleur sous MCG que sous ASG, que ce soit avec MI ou PP. La pompe fait cependant mieux que les MI dans les deux cas pour l’indicateur TIR. Le TBR le plus bas a été obtenu avec la MCG, qu’il y ait à côté une pompe ou non. Sur 7 hypoglycémies sévères, 5 sont survenues sous ASG et seulement 2 sous MCG (1 MCG+MI, 1 MCG+PP)
Au total, le capteur fait toujours mieux que l’ASG y compris en régime multi-injections. Cette étude le démontre pour la première fois et apporte ainsi une alternative intéressante car efficace et moins coûteuse.
La confirmation d’observations de vraie vie
L'étude Comisair-2 confirme des données populationnelles, moins précises mais plus vastes, qui révélaient déjà que l’effet du capteur semble essentiel et plus déterminant que celui de la pompe – quoique les meilleures HbA1c aient été obtenues en vraie vie sous pompe + capteur.
Concernant les coûts, la conclusion est tirée ici dans le contexte américain, où la pompe coûte 8272 USD sur 28 jours, contre 5623 USD pour les multi-injections.
On remarque enfin que, au-delà de l’HbA1c qui reste un indicateur robuste, le temps passé dans et sous la cible (TIR et TBR) deviennent des éléments de mesures déterminants de la qualité du contrôle glycémique. Manque cependant ici une évaluation importante, celle de la qualité de vie, qui est souvent perçue comme meilleure, et de loin, sous capteur que sous ASG.
Université Grenoble-Alpes, Grenoble
(1) Jan Soupal, Lenka Petruzelkova, George Grunberger, et al. Glycemic Outcomes in Adults With T1D Are Impacted More byContinuous Glucose Monitoring Than by Insulin Delivery Method: 3 Years of Follow-Up From the COMISAIR Study. Diabetes Care 2019 Octobre Online. https://doi.org/10.2337/dc19-0888
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