Fruit d’une histoire mouvementée, le Nutriscore est le système d’étiquetage nutritionnel officiel en France, qui permet d’attribuer une couleur et une lettre, de A à E, aux produits alimentaires. Si cette marque appartient désormais à Santé publique France, la notation en elle-même est fondée sur le Food standard agency, développé en 2004 par des chercheurs britanniques pour réguler la publicité à destination des enfants. Les éléments défavorables (énergie, sucres simples, acides gras saturés, sodium) donnent des points négatifs, tandis que ceux qui sont favorables (fruits, légumes, légumineuses, noix, fibres, protéines) font remonter la note, qui peut aller de – 15 à + 40.
Le logo est pour l’instant apposé de façon volontaire par les industriels (la réglementation européenne ne permet pas à la France de le leur imposer), mais la Belgique, la Suisse et l’Allemagne l’ont déjà adopté, l’Espagne et les Pays-Bas vont suivre, tandis que le Luxembourg, le Portugal et l’Autriche se sont lancés dans la concertation.
En France, celle-ci a duré 3 ans, de 2014 à 2017, pendant lesquels l’équipe de chercheurs indépendants à l’origine du Nutriscore a validé son profil nutritionnel et son format graphique par plus de 30 publications scientifiques. D’abord fermement opposés, les industriels ont proposé toute une série d’outils alternatifs (Sens, MTL, Nutri-repères, etc.). Cependant, 2 études grandeur nature ont montré la supériorité du Nutriscore, en particulier auprès des consommateurs les plus défavorisés, qui sont les cibles principales de l’action en santé publique. En 2017, six opérateurs pionniers (Auchan, Danone, Fleury Michon, Intermarché, Leclerc et Mc Cain) ont suivi, ils étaient 85 en 2018 et plus de 250 en 2020. « Face au succès du Nutriscore auprès du public, ils n’ont plus le choix », commente la Pr Chantal Julia (Hopital Avicennes, Univ. Sorbonne Paris Nord), soulignant son intérêt : « en cohérence avec les recommandations, les produits classés favorablement sont plutôt bruts (légumineuses, céréales complètes, poissons, fruits et légumes), à l’inverse des produits gras, salés et sucrés comme les charcuteries, pâte à tartiner et biscuits qui sont mal notés. De plus, le Nutriscore permet de révéler la diversité au sein d’une même classe d’aliments. » Ainsi, le yaourt nature est noté B, sa version sucrée C, quand les desserts lactés sont D. Et, même au sein des charcuteries, le jambon blanc est classé C, le jambon de Parme D et le salami E. « C’est particulièrement intéressant pour les céréales du petit-déjeuner, qui s’échelonnent de A à E, certaines du groupe D ayant pourtant des allégations santé », ajoute la chercheuse.
Le Nutriscore induit des changements du comportement d’achat, qui pourraient diminuer de 3 % la mortalité par maladie métabolique, selon le scénario médian des modélisations. L’association de consommateurs UFC-Que choisir a lancé en septembre dernier une pétition pour que soit interdite la publicité pour les enfants de produits classés Nutriscore D ou E (aujourd’hui 87 % des publicités dans cette tranche d’âge). Les pouvoirs publics travaillent aussi pour qu’il soit élargi à la restauration collective.
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