Chez les diabétiques hospitalisés pour Covid-19 en France, l’âge et le poids pèsent fortement sur le risque d’intubation et/ou décès précoces. C’est ce qu’a mis en évidence l’étude Coronado (1). Et, chez les patients hospitalisés en médecine générale ou en réanimation à Lille comme à Lyon, l’obésité est bien plus fréquente qu’en population générale de même âge et de même sexe (2, 3). Le poids constitue donc un facteur très important de risque de sévérité de l’infection. Ce qui plaide pour un renforcement des mesures barrières, une prolongation du confinement ou tout du moins du télétravail dans ces populations à risque : diabétiques âgés en surpoids ou obèses ; personnes obèses. A contrario, le diabète de type 1 du sujet jeune ne semble pas être un facteur de risque de gravité.
Le diabète, une comorbidité fréquente et de mauvais pronostic
Très vite, le diabète est apparu comme une comorbidité fréquente et un facteur de mauvais pronostic de Covid-19. Dans une métaanalyse, il était associé à un doublement du passage en réanimation et un triplement des décès (3). Pour préciser le phénotype des diabétiques touchés par les formes sévères, Coronado, une étude multicentrique française, a été lancée par la Société francophone du diabète (SFD) dès la mi-mars. Menée dans 68 centres, elle porte sur 3 000 diabétiques.
La première analyse de l'étude publiée dans Diabetologia (1) est restreinte aux 1 300 premiers patients. Le critère primaire est le passage en réanimation ou le décès dans les sept jours après l’hospitalisation.
Sur ces 1 300 patients, 65 % sont des hommes, leur âge moyen est de 70 ans, leur IMC moyen de 28,4 kg/m2 et leur HbA1c de 8,1 %, un peu plus élevé que dans Entred pour une population de même âge. Près de la moitié a des complications diabétiques micro- ou macrovasculaires. Un tiers est sous insuline. Près de 80 % sont hypertendus dont une majorité sous inhibiteur du système rénine angiotensine.
Enfin, seuls 2 % ont un diabète de type 1 : ils sont sous-représentés par rapport à la prévalence du diabète de type 1 en population même en tenant compte de l’âge.
IMC, âge, SAOS, complications
À sept jours, près d’un tiers de ces patients (27 %) a été intubé ou sont morts, 10 % sont décédés et 18 % sont rentrés chez eux. « Un seul facteur pèse de manière indépendante en analyse multivariée sur le critère primaire intubation plus décès à J7 : c’est l’indice de masse corporelle (RR = 1,28 [1,1-1,47]) », résume le Pr Bertrand Cariou (CHU de Nantes). En revanche, ni les traitements − insuline, inhibiteurs du système rénine angiotensine − ni un mauvais contrôle glycémique (HbA1c), n’influent le pronostic à court terme.
Plusieurs autres facteurs indépendants pèsent sur la mortalité à J7, un critère plus dur, affranchi de l’accès à la réanimation : l’âge, la présence de complications et l’existence d’une apnée obstructive du sommeil (SAOS). Les plus de 75 ans meurent quatre fois plus que les moins de 55 ans, la présence d’une complication vasculaire double le risque et un SAOS le triple. « IMC et âge sont manifestement des facteurs majeurs de sévérité de Covid-19 chez le diabétique », insiste le Pr Cariou.
L’obésité à haut risque même sans diabète
« À Lyon, lors du pic épidémique, les personnes obèses ont été surreprésentées dans les lits Covid-19. On avait quasi deux fois plus de personnes atteintes d’obésité dans les services qu’en population générale (25 % vs 15 %) », explique le Pr Emmanuel Disse (CHU de Lyon). Après standardisation sur l’âge et le sexe (2), il y avait un excès de 30 % d’obèses porteurs de Covid-19 sévère et près de deux fois plus d’obèses en réanimation par rapport à la population générale (comparaison à une cohorte historique de patients en réanimation).
À Lille, il y avait trois fois plus de patients obèses en réanimation que de non-obèses (3), sachant que la prévalence de l’obésité est plus importante dans cette ville. « L’obésité est un facteur majeur de risque de Covid-19 sévère et encore plus de forme très sévère. C’est aussi très probablement un facteur de mauvais pronostic vu la forte prévalence en réanimation », souligne le Pr Disse. Le suivi de ces patients permettra de le préciser. « Il faut en tenir compte en termes de mesures barrières et peut-être prioriser à l’avenir la vaccination des obèses le jour où un vaccin sera disponible », propose le spécialiste.
Entretiens avec les Pr Bertrand Cariou (CHU de Nantes) et Emmanuel Disse (CHU de Lyon) (1) B Cariou et al. Phenotypic characteristics and prognosis of inpatients with Covid-19 and diabetes: the Coronado study. Diabetologia (2020). https://doi.org/10.1007/s00125-020-05180-x (2) Prevalence of obesity among adults inpatients with Covid-19 in France. Lancet Diabetes Endocrinol 2020; https://doi.org/10.1016/S2213-8587(20)30160-1 (3) L Roncon et al. Diabetic patients with Covid-19 infection are at higher risk of ICU admission and poor short-term outcome. J Clin Virol 2020 Jun;127:104354.doi: 10.1016/j.jcv.2020.104354
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