En 2017, une étude rétrospective sur les cancers du sein secondaires, survenus chez des femmes de moins de 50 ans traitées par une radiothérapie de plus de 3 grays dans l'enfance ou avant 30 ans pour un cancer, a mis en évidence que 80 % d'entre elles n'avaient pas bénéficié d'un dépistage. L'étude a montré en outre que nombre de ces cancers du sein secondaires étaient triple négatifs avec un profil de risque proche des cancers BRCA. Les recommandations internationales et françaises (HAS, INCa) sont pourtant précises, dès une exposition du sein de l'ordre de 10 grays un dépistage annuel doit débuter 5 ans après le traitement ou à l'âge de 25 ans. Mais une récente enquête menée auprès des professionnels montre qu'en pratique ils ne sont qu'un tiers à prescrire systématiquement ce dépistage. Les raisons ? Un suivi à long terme non encore systématisé, un réseau de professionnels à créer, le passage du monde pédiatrique (connaissance du risque) au monde adulte (en charge du suivi de ces patients)…
Pour répondre aux recommandations et unifier ce dépistage, un programme nommé DeNaCaPST (Dépistage National des Cancers du Sein et la Thyroïde post traitement par radiothérapie), subventionné par la fondation ARC et soutenu par la SFCE (Société Française des Cancers de l’Enfant) est donc déployé au niveau national.
Identifier le risque
« Aujourd'hui les logiciels de radiothérapie permettent d'évaluer très précisément la dose reçue par chaque organe en fonction de la localisation et de l'intensité de l'irradiation. Ce qui permet très aisément de cibler les sujets qui ont un risque accru de développer un cancer secondaire du sein et/ou de la thyroïde, précise la Dr Charlotte Demoor-Goldschmidt. Dans les bases de données récentes ce risque est donc bien identifié. Le seuil retenu en France est de 10 grays pour le sein et de 3 grays pour la thyroïde. En revanche, c'est plus compliqué pour les patients irradiés depuis plus longtemps. C'est pourquoi pour ces patients plus anciens, nous avons travaillé avec les radiopédiatries pour retenir des indications plus cliniques et moins basés sur la dose. »
Recenser tous les patients et coordonner le suivi à long terme
« Dans l’étude DeNaCaPST, nous travaillons avec plusieurs bases de données pré-existantes - FCCSS, PediaRT, registre national des cancers pédiatriques, et la cohorte LEA (leucémies), explique Charlotte Demoor-Goldschmidt. Cette étude, grâce à un enregistrement prospectif des données, permettra de répondre à certaines interrogations et de mieux cibler dans l’avenir les patients à risque. Mais au-delà d'être une base de données unifiée, DeNaCaPST est aussi un programme destiné à organiser, planifier le dépistage. » En effet, un programme couplé à cette base de données va permettre, pour chaque patient, d'avertir le moment venu les professionnels qu'il est temps de prescrire un dépistage à la recherche d'un cancer du sein et/ou thyroïdien secondaire. À plus long terme, les praticiens pourront également planifier, s’ils le souhaitent, l’ensemble du suivi à long terme de leur patient (suivi cardiaque, rénal et endocrinien) grâce au projet log-after, un des work-packages du projet pair-pédiatrie, financé par l’Inca, la ligue et la fondation ARC. Le programme génère en outre un dossier médical sécurisé partagé autorisant un suivi coordonné des patients entre les divers intervenants. Actuellement, ce logiciel en ligne est fonctionnel pour le dépistage des cancers du sein et de la thyroïde après radiothérapie. Tout praticien, libéral ou hospitalier, peut demander un accès pour un de ses patients (denacapst@inserm.fr). « Cet outil va permettre de favoriser le dépistage au niveau national et égaliser les chances des patients, l'organisation du suivi à long terme étant diversement implémentée suivant les régions », conclut la Dr Demoor-Goldschmidt.
D'après un entretien avec la Dr Charlotte Demoor-Goldschmidt, oncologue pédiatre (CHU Angers)
Pour plus de renseignements denacapst@inserm.fr
Nota bene : un dédommagement financier est prévu pour les médecins libéraux pour saisir les données dans la base.
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