HORMONE CONNUE depuis plus de 60 ans pour ses effets périphériques, notamment musculaires et vasculaires, l’ocytocine bénéficie depuis une dizaine d’années d’un regain d’intérêt pour ses effets centraux, paracrines sur circuit court n’impliquant pas forcément de passage dans la circulation sanguine générale.
Des premières études menées chez l’animal ont souligné son implication dans les compétences sociales, en particulier dans la compréhension de l’autre, dans la capacité d’inférer l’esprit de l’autre, qui entrent dans le champ de la théorie de l’esprit. D’autres travaux ont mis en évidence l’implication de l’ocytocine dans l’attachement, l’émotion, le choix du partenaire, les liens affectifs entre les partenaires et le couple mère- enfant.
Une étude très étonnante a été réalisée sur des campagnols de prairie et de montagne, deux espèces très proches, mais se différenciant dans leur comportement de couple par leur caractère monogame ou polygame. « Le campagnol femelle monogame fidèle a son partenaire devient polygame lorsque l’on bloque ses récepteurs à l’ocytocine », rapporte le Pr Maïthé Tauber.
Des études sur le comportement ont été menées chez des volontaires sains. L’une d’elles a notamment rapporté une augmentation de la confiance en l’autre après administration intranasale d’ocytocine chez des sujets participant à un jeu d’argent nécessitant des rapports de confiance. L’ocytocine favorise ainsi la confiance en l’autre, mais cet effet n’apparaît que s’il y a une implication d’une relation de confiance. D’autres travaux ont de leur côté souligné la participation de l’ocytocine dans la reconnaissance faciale, dans le contrôle de l’émotion.
Tous ces effets de l’ocytocine passent par le biais de récepteurs, et ont également un impact sur la plasticité neuronale.
Dans le syndrome de Prader-Willi.
L’hypothèse d’une implication de l’ocytocine dans le syndrome de Prader-Willi avait été mise en évidence en 1994, par une équipe hollandaise, qui avait rapporté, sur des analyses histologiques, une diminution non seulement du nombre des neurones à ocytocine, mais aussi de leur volume. Une implication confirmée par la suite par des travaux sur des modèles animaux. Chez les patients souffrant de ce syndrome, les troubles du comportement, en particulier les difficultés de compréhension sociale, sont très prégnants. « Cela nous a conduits à réaliser une étude préliminaire en double aveugle versus placebo chez 24 patients adultes ayant un syndrome de Prader-Willi et suivis dans le centre de référence dans l’hôpital marin d’Hendaye. Leur comportement a été évalué avec soin à l’aide d’une grille interne durant les deux jours précédant et les deux jours suivant l’administration d’une dose unique d’ocytocine par voie intranasale ou d’un placebo. Comparativement au groupe placebo, les patients ayant reçu l’ocytocine ont montré une plus grande confiance envers les autres, présentaient moins de tristesse et ont fait moins de colère, autant d’effets positifs sur le comportement dans les axes attendus », note le Pr Tauber, qui penche en faveur d’un rôle étiopathogénique d’une dysrégulation de l’ocytocine dans le syndrome de Prader-Willi. Une demande a été déposée afin de poursuivre les travaux sur les modalités d’administration de l’ocytocine, très bien tolérée par voie intranasale, et évaluer sont impact sur le comportement alimentaire. Cette hormone joue en effet aussi un rôle important dans le contrôle de la satiété, dont le défaut est l’une des caractéristiques du syndrome de Prader-Willi.
« Un nouveau champ de recherches s’est ouvert, avec des applications potentielles dans d’autres maladies », conclut le Pr Tauber.
* D’après un entretien avec le Pr Maïthé Tauber, coordinatrice du centre de référence du syndrome de Prader-Willi, CHU, Toulouse.
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