Toutes les maladies sont aujourd’hui liées ou influencées par notre mode alimentaire : maladies métaboliques, diabètes, obésité, cardiovasculaires, cancers, digestives, inflammatoires… C’est ce qu’a rappelé l’agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation (Anses) le 12 juillet dernier, lors de la communication de sa troisième étude individuelle nationale des consommations alimentaires (INCA 3).
Cette étude française est menée tous les 7 ans. Elle a mobilisé, en 2014 et 2015 près de 200 enquêteurs. Elle a colligé les modes alimentaires de 3 157 adultes (18-79 ans) et 2 700 enfants (0-17 ans) représentatifs, recueillant en détail le contenu des repas de 1 à 3 journées par semaine (au total 13 600 journées et 320 000 aliments consommés). Ses résultats ont été interprétés par un groupe d’experts (nutritionnistes, épidémiologistes, toxicologues, microbiologistes).
Une disparité des comportements sexués
En moyenne les adultes consomment chaque jour environ 2,9 kg d’aliments (dont 50 % de boissons), soit environ 2 200 kcal/j. Cette ration s’élève à 1 500 kcal/j chez les enfants de 0 à 10 ans, et 1974 kcal/j chez les adolescents. Les hommes mangent plus que les femmes, et cet écart qui se creuse avec l’âge : +10 % chez les garçons, +17 % chez les adolescents et +38 % chez les adultes.
Les femmes consomment plus volontiers des yaourts et fromages blancs, compotes et fruits au sirop, volailles, soupes, bouillons et boissons chaudes. Les hommes, plus de boissons alcoolisées, sandwiches, pâtisseries salées, viandes, charcuteries, pommes de terre, légumineuses, fromages, crèmes dessert, produits céréaliers raffinés.
Pas assez de fibres, trop de sel
Depuis la dernière photographie de l’assiette nationale (INCA 2 en 2007), celle-ci n’a cessé de s’enrichir en produits transformés : 68 % chez les adultes, 50 % chez les enfants. Sans surprise, on y retrouve toujours trop de sel (9 g/j chez les hommes, 7 chez les femmes, un peu au-dessus des objectifs du PNNS) et, surtout, pas assez de fibres (20 g/j chez les adultes, au lieu de 30 recommandés par l’ANSES).
En cause, pas suffisamment de fruits et légumes, de légumineuses et les repas pris au travail ou dans la rue (pizzas, quiches, sandwichs et charcuterie) donc à base d’aliments industriels sucrés et/ou gras, riches en calories, et salés.
Inégalités sociales
En plus de disparités habituelles, région, sexe, âge (les adultes de 65 à 79 ans consomment plus d’aliments faits maison), ce sont surtout les inégalités sociales qui retiennent l’attention. Les Français à niveau d’étude supérieur (bac +4) sont moins obèses, consomment plus de fruits, moins de boissons sucrées et ont une activité physique plus élevée que ceux ayant interrompu leurs études en primaire ou au collège.
La nutrition est un grand marqueur social
Pour Serge Hercberg « Cette étude confirme que la nutrition est un grand marqueur social… et ces inégalités ont tendance à s’accroître, même si les populations défavorisées améliorent leur état nutritionnel : elles le font moins vite et moins nettement que celles qui sont favorisées ».
Vers un repère spécifique pour la sédentarité
Par ailleurs, le statut pondéral et le niveau d’activité physique des Français restent inadaptés. En 2014-2015, 13 % des enfants et adolescents (jusqu’à 17 ans) et 34 % des adultes de 18 à 79 ans sont en surpoids, 4 % et 17 % respectivement sont obèses.
De plus, le pourcentage d’individus présentant un comportement sédentaire est alarmant, puisque la moitié des adolescents de 11 à 14 ans, deux tiers des adolescents de 15 à 17 ans et plus de 80 % des adultes de 18 à 79 ans sont concernés.
En sept ans, le temps quotidien passé devant un écran, hors temps de travail, a augmenté de 20 minutes en moyenne chez les enfants et d’1 h 20 chez les adultes.
Au total, un tiers des enfants et des adultes cumulent sédentarité et inactivité physique. Ce qui conduit l’ANSES à envisager de proposer un repère spécifique pour la sédentarité, en plus de l’activité physique.
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