Selon les résultats de l'étude CREDENCE publiés dans le « New England Journal of Medicine », la prise quotidienne de canagliflozine réduirait de 30 % le risque d'insuffisance rénale terminale des patients diabétiques de type 2, ayant déjà une dégradation de leur fonction rénale. Pour le co-auteur de l'étude, le Pr Kenneth Mahaffey, de l'école universitaire de médecine de Stanford, ces résultats marquent un tournant : « Pour la première fois depuis 18 ans, nous disposons d'un traitement destiné aux diabétiques de type 2 qui réduit leur risque d'insuffisance rénale, » affirme-t-il.
Des études antérieures semblaient indiquer que les inhibiteurs de la réabsorption tubulaire du glucose (classe à laquelle appartient la canagliflozine) pourraient réduire le risque de dégradation de la fonction rénale chez les patients atteints de diabète de type 2. Pour le confirmer, une équipe internationale de chercheurs a conçu l'essai randomisé en double aveugle CREDENCE, avec le soutien financier du laboratoire Janssen qui commercialise la molécule sous le nom d'Invokana.
Des patients avec une dégradation de la fonction rénale
À l'inclusion, les 4 401 patients recrutés avaient une altération du débit de filtration glomérulaire, entre 30 et 90 ml/minutes/1,73 m2 de surface corporelle, et une albuminurie comprise entre 300 et 5 000 mg par 24h. Ces patients, tous traités par un inhibiteur du système rénine angiotensine, ont été randomisés pour recevoir soit 100 mg de canagliflozine soit le placebo.
Les chercheurs ont évalué la capacité du traitement à éviter l'aggravation de la maladie rénale, sur la base d'un score composite incluant l'entrée en état d'insuffisance rénale terminale, (mise sous dialyse, transplantation, débit de filtration glomérulaire durablement maintenu sous la limite de 15 ml/minutes/1,73 m2), le doublement du taux de créatinine et le décès de cause rénale ou cardiovasculaire.
Selon le design de l'étude, il était prévu de procéder à une analyse intérimaire lorsqu’au moins 405 patients de l'étude auraient connu une dégradation importante de leur fonction rénale, ce qui est advenu au bout d'un suivi médian de 2,62 ans. Les auteurs ont alors constaté que le risque d'évolution défavorable (dialyse, transplantation décès etc.) était 30 % plus faible dans le groupe sous canagliflozine, comparé au groupe placebo (43,2/1 000 patients années contre 61,2/1 000 patients année). Le risque de développer une insuffisance rénale terminale était réduit de 32 % et le risque de décès cardiovasculaire ou de cause rénale était réduit de 20 %. Les patients sous canagliflozine avaient également un risque significativement réduit d'infarctus, d'AVC et d'hospitalisation pour insuffisance cardiaque. Ces résultats étaient suffisamment significatifs pour justifier de mettre fin à l'étude.
Cette amélioration de l'insuffisance rénale a été observée « en dépit d'un effet modeste du traitement sur la glycémie, ce qui suggère que le mécanisme est indépendant du niveau de glucose, et serait lié à une diminution de la pression intraglomérulaire », estiment les auteurs.
Une classe de médicaments non remboursée en France
S'il dispose d'une autorisation européenne de mise sur le marché, Invokana n'est pas remboursé en France, pas plus que les autres inhibiteurs de la réabsorption tubulaire du glucose (Forxiga de AstraZeneca et Steglatro de Pfizer et Merck-MSD). Selon l'avis de la commission de la transparence de la HAS, Invokana a en effet hérité de la plus mauvaise note d'amélioration du service médical rendu (absence d'amélioration, ou ASMR V).
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