Au Royaume-Uni, une étude basée sur les données de soins primaires montre que la proportion de jeunes adultes (de 18 à 40 ans) chez lesquels un diabète de type 2 a été diagnostiqué ne cesse de croître depuis l’année 2000. Ces jeunes diabétiques présentent en outre un risque cardiovasculaire plus élevé que les diabétiques plus âgés. Et l’incidence du diabète de type 2 chez les personnes de 41 à 50 ans a également augmenté, de 14 % à 17,5 % au cours des 17 années de cette étude, entreprise en 2000.
Ainsi, dans ce pays, environ 1 nouveau cas sur 8 de diabète de type 2 concerne une personne âgée de 18 à 40 ans, contre 1 sur 10 en 2000. Ces données s’ajoutent à un nombre croissant d’autres résultats épidémiologiques internationaux, qui confirment l’augmentation de l'incidence du diabète de type 2 et de complications inquiétantes du diabète chez les jeunes. Mais, dans ce tableau sombre, deux études redonnent de l’espoir.
Une large revue de littérature
La première étude, qui vient d’être publiée (1) avait inclus des essais de cohortes, des registres et des données d’Assurance-maladie : 22 833 abstracts au total ! Parmi eux, 47 études fournissant des données sur 121 populations, selon le sexe et l’origine ethnique, mais seulement pour les pays à hauts revenus, puisque malheureusement les données manquaient pour les pays émergents ou pauvres.
En 1960-1989, l'incidence du diabète était à la hausse dans 36 % (8/22) des populations étudiées, la tendance était stable dans 12 % des cas (12/22) et à la baisse pour 9 % (2/22). Une augmentation spectaculaire des cas a ensuite eu lieu entre 1990 et 2005, avec une incidence en augmentation dans 66 % des populations et une stabilisation pour 32 %. Enfin, entre 2006 et 2014, l’augmentation des cas a été ramenée à 32 % dans ces populations, avec une stabilisation pour 30 % et surtout une diminution d’incidence pour les 36 % restants, principalement dans certains pays d’Europe et d’Asie.
Les incidences ont alors diminué dans certains pays quelques européens, mais pas tous. La baisse concerne ainsi la Suisse, Israël, les États-Unis, la Corée, Hong Kong. L’incidence stagne en Grande-Bretagne, Italie, Canada, Norvège. Mais elle augmente au Portugal, en Allemagne, au Danemark. Le diabète progresse considérablement dans les îles du Pacifique, au Moyen-Orient et dans le Sud-Est Asiatique.
Les données de pays à haut risque, pays pauvres et émergents, manquent cruellement. Ces travaux incitent aussi à regarder les études épidémiologiques autrement, en particulier selon les pays en fonction des ethnies (minorités, migrants par exemple) et plus encore les selon les régions et classes socioéconomiques. On connaissait déjà ces disparités, notées en France. Pour les auteurs, il ne fait pas de doute que les politiques publiques et messages de santé publique ont commencé à porter leurs fruits, dans les pays « riches » essentiellement.
L'enquête de Santé Publique France
La même semaine, lors du dernier congrès européen sur le diabète (EASD 2019 à Barcelone) une étude de Santé publique France a été présentée (2). Elle conclut que, entre 2010 et 2017 dans la population âgée de 45 ans et plus, le nombre d’hommes devenus diabétiques est passé de 11 à 9,7/1000, et de 7,6 à 6,2/1 000 en ce qui concerne les femmes. Soit une diminution de 2,6 % chez les hommes et 3,9 % chez les femmes sur cette même période.
L’idée, avancée 10 ans auparavant, d’un probable doublement du nombre des diabétiques de type 2 en France dans les 10 à 15 années à venir avait déjà été reconsidérée, au vu du ralentissement de progression de l’incidence depuis 2012, – années à partir de laquelle l’incidence a fléchi.
Peut-être commence-t-on à récolter les fruits des politiques nationales d’incitation à une meilleure hygiène de vie. L’analyse selon les régions françaises, surtout à forte prévalence, est aussi un peu surprenante et/ou encourageante puisque l’incidence record des DOM-TOM a nettement fléchi, surtout chez les femmes mais aussi dans les Hauts de France et Grand Est, régions les plus touchées par le diabète de type 2 en métropole.
C'est pour la première fois une lueur d’espoir, si cela se confirme et que cette évolution ne s’explique pas par d’autres mécanismes encore non soupçonnés.
Professeur Émérite, Université Grenoble-Alpes, Grenoble
(1) Magliano DJ et al. Trends in incidence of total or type 2 diabetes: systematic review. BMJ. 2019 Sep 11;366:l5003. doi: 10.1136/bmj.l5003
(2)Fuentes S et al, Santé publique France, St Maurice et Diabétologie de l’Hôpital Avicenne et le CRNH de Bobigny. Trends on prevalence and incidence of type 2 diabetes in France between 2010 and 2017: a nationwide population-based study. ePoster # 316 EASD Barcelone 2019. Session: Trends, prevalence and incidence
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