N°SPE Diabétologues-Endocrinologues

EDITORIAL - Les moyens vont-ils suivre ?

Publié le 24/11/2011
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Partout dans le monde, surtout là où on penserait d’abord « malnutrition » - Afrique subsaharienne, Inde -, le diabète de type 2 progresse, plus vite qu’en Europe ou aux États-Unis. On dénombre déjà, selon la Fédération internationale du diabète (IDF), plus de 350 millions de diabétiques et on en prévoit plus de 500 millions en 2030 ! En France, on devrait voir doubler le nombre des diabétiques d’ici 12 ans, passant de 3 à 6 millions de personnes atteintes. Même si les enjeux sont différents, les carences sont là, reflétant ici une ignorance du problème et l’absence de moyens, à l’inverse de ce qui a lieu pour l’infection par le VIH, la tuberculose et le paludisme. Nous disposons en effet de moyens insuffisants pour améliorer un parcours de soin très perfectible, mieux cibler la place les dépenses hospitalières, accroître les moyens de l’éducation thérapeutique aujourd’hui réduits à peau de chagrin, voire non prévus, pendant que la loi HPST, les ARS et tous les acteurs de santé n’ont que ce mot à la bouche. Si un plan obésité a été mis en place et des moyens, en principe, dégagés, qu’attend-on pour mieux financer les actions tournées vers le diabète au travers de démarches structurantes en territoires ? Qu’attend-on pour reconnaître le travail spécifique des diabétologues libéraux comme hospitaliers, avec une nomenclature valorisée à son juste niveau, reconnaissant la spécificité de leur travail face à une maladie « chronique ». Mais comme en Afrique, quoique de façon moins dramatique bien sûr, le diabète soit vu chez nous d’abord comme une maladie difficile à médiatiser, « encombrante » au plan institutionnel, une cause de dépenses, mais qui demeure mal financée, du moins pas comme il conviendrait de le faire, c’est-à-dire en valorisant les actions de prévention et d’éducation thérapeutique, de structuration du parcours de soins, les seules à pouvoir enrayer cette spirale infernale, celle des dépenses inutiles. Trouver une juste place : pour l’ambulatoire, l’hôpital, les différents métiers concernés, la prévention, l’éducation, la coordination, pour dépenser au mieux et pas plus, donc en ayant au préalable réfléchi et s’être concertés.

Pr Serge Halimi CHU, Grenoble

Source : Bilan spécialistes