« ON EST dans une catastrophe tout à fait évidente », déclarait le président de l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN), André-Claude Lacoste, mardi, en évaluant la gravité de l’accident nucléaire de Fukushima I (Daiichi) au niveau 6 de l’échelle des événements nucléaires et radiologiques (INES) qui en compte 7. La catastrophe de Tchernobyl, survenue en avril 1986, avait atteint le niveau 7.
Deux éléments « très aggravants » ont conduit à ce réajustement (l’agence de sûreté nucléaire japonaise maintenait, quant à elle, son classement au niveau 4) : d’une part la dégradation de l’enceinte de confinement du réacteur n° 2 et d’autre part un incendie sur le réacteur n° 4 au niveau de la piscine d’entreposage du combustible usé. « Nous avons la sensation que l’événement change en terme d’impact sanitaire pour la population avoisinant la centrale et pour l’environnement », estimait également Agnès Buzyn, présidente de l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN). Aucune information chiffrée n’a toutefois pu être donnée. Les mesures préconisées par les autorités japonaises « nous semblent suffisantes mais elles devront être élargies si les problèmes s’accentuent au fil des heures », a-t-elle ajouté. Des dizaines de milliers de personnes ont été évacuées dans un rayon de 20 km autour de la centrale et les habitants situés dans la zone des 20 à 30 km ont reçu des consignes de confinement. À Tokyo (à 250 km), où « une légère élévation » de la radioactivité ambiante a été constatée (sans signification en terme d’impact radiologique), aucune mesure particulière n’a été décrétée. Les ressortissants français sont appelés à consulter l’ambassade, qui diffuse des consignes avec l’aide d’un expert de l’IRSN dépêché sur place. « Pour l’instant, la prise de pastilles d’iode n’est pas nécessaire. Les prendre trop tôt n’a pas d’intérêt », insiste Agnès Buzyn, qui parle en revanche de « fortes suspicions » sur le niveau toxique des doses reçues par les travailleurs de la centrale.
L’eau de mer, seul recours
Les autorités japonaises se trouvent devant des problèmes majeurs, « en multiples exemplaires », a poursuivi André-Claude Lacoste. Le 11 mars à 14 h 46, un séisme de magnitude 9 (le plus fort séisme jamais enregistré au Japon), suivi par un tsunami avec des vagues de 10 m de haut, a frappé le nord-est de l’archipel. Ces deux événements, provoquant probablement plus de 10 000 morts, ont entraîné l’arrêt automatique d’urgence des réacteurs de quatre centrales nucléaires dans les provinces proches de l’épicentre. À Fukushima I Daiichi (qui compte 6 réacteurs), ils ont également provoqué la perte des deux alimentations électriques externes de la centrale, qui n’a pas été compensée par les groupes électrogènes de secours. La station de pompage de la centrale nécessaire au refroidissement a également été affectée. Le 12 mars, les opérations de décompression volontaire ont conduit à des rejets radioactifs et une explosion liée à la présence d’hydrogène a eu lieu dans la partie supérieure du bâtiment réacteur n° 1. Cette explosion n’a toutefois pas endommagé l’enceinte de confinement, a déclaré le gouvernement japonais. Ce même processus s’est ensuite déroulé le 14 mars sur le réacteur n° 3 puis sur le réacteur n° 2. Mais, contrairement aux deux premiers réacteurs, les deux explosions du réacteur n° 2 ont entraîné une dégradation de l’enceinte de confinement « à l’origine de l’augmentation significative des rejets radioactifs ». Ce mardi, la fusion partielle du cœur était confirmée dans les trois réacteurs et l’exploitant (la compagnie d’électricité japonaise TEPCO) poursuivait l’opération de refroidissement par injection d’eau de mer, « le seul moyen » dont il dispose, précisait André-Claude Lacoste.
Le deuxième élément aggravant de l’accident provient du réacteur n° 4, qui était pourtant à l’arrêt pour maintenance lors du séisme et donc ne présentait a priori pas de problème de sûreté. Un incendie et une explosion ont affecté la piscine d’entreposage du combustible usé, en dehors de l’enceinte de confinement. L’exploitant a annoncé qu’il envisageait de verser de l’eau par hélicoptère pour refroidir le combustible usé. « Nous ne savons pas la quantité de radioactivité du site », commentait Agnès Buzyn, ce mardi. « Tout va dépendre de l’évolution dans les jours qui viennent ». Seuls les intervenants sur l’accident sont actuellement présents. Mais compte tenu des débits de dose très élevés, « il est à craindre que les conditions d’intervention deviennent très difficiles », indiquait un dernier communiqué de l’IRSN.
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