Il y a un an déjà, nous, experts pluridisciplinaires, nous étions engagés, aux côtés de la Fédération Française des Diabétiques et de l’Aide aux Jeunes Diabétiques, dans une tribune du 2 février 2017.
Les deux associations interpellaient l’opinion publique et politique sur les discriminations d’accès à l’emploi des personnes diabétiques, lors d’une campagne intitulée « je fais un vœu ». En effet, malgré les innovations technologiques, thérapeutiques ou organisationnelles et l’évolution des conditions actuelles de travail, de nombreux métiers demeurent a priori interdits aux personnes atteintes de diabète. En cause ? Une réglementation discriminante et obsolète car inadaptée à toutes ces évolutions.
En quelques jours, plus de 38 000 personnes avaient répondu à l’appel des deux associations. Anonymes, parlementaires, professionnels de santé, journalistes, organisations syndicales se sont spontanément associés à cette cause, engagés à faire évoluer ces réglementations discriminantes, à l’image de Marisol Touraine alors Ministre de la Santé, interpellée sur ce sujet lors de la séance des questions au gouvernement du 24 janvier 2017.
1 an après : qu’en est-il pour les personnes diabétiques ?
Un an après, malgré les engagements politiques, la situation reste malheureusement identique. En effet, près de 4 millions de personnes sont aujourd’hui touchées par le diabète en France. Parmi elles, beaucoup se voient toujours refuser a priori l’accès à certaines professions : hôtesse de l’air, conducteur de train, marin, contrôleur de la SNCF, militaires…
La persistance de ces discriminations à l’embauche est pour nous incompréhensible. Ceci ignore l’évolution des conditions de travail et les avancées médicales – innovations technologiques et évolutions thérapeutiques – qui ont permis au fil du temps aux personnes atteintes d’un diabète de mieux maîtriser les effets de la maladie. Les dispositifs d’autosurveillance glycémique – beaucoup plus simples à utiliser couplés à des modalités de traitement efficaces – permettent désormais de se contrôler, de s’autosurveiller de façon beaucoup plus précise et efficace. Le risque d’hypoglycémie et de complications en général peut de ce fait être mieux maîtrisé. Grâce à ces progrès, la personne ayant un diabète est aujourd’hui capable de tenir la plupart des emplois.
Une mobilisation continue auprès de l’ensemble des parties prenantes pour lever les discriminations
La campagne « je fais un vœu » avait permis d’obtenir l’appui de certains élus politiques. Nous les remercions pour la constance de leur soutien à nos côtés.
Tout au long de l’année 2017, nous nous sommes en effet mobilisés, chacun dans notre domaine, pour faire évoluer les réglementations, les organisations et les mentalités.
Les propositions de la campagne ont été relayées dans le cadre des États Généraux du Diabète et des Diabétiques. Lancée en fin d’année 2017 par la Fédération Française des Diabétiques, cette initiative continuera de donner une résonance politique et médiatique à nos demandes tout au long de l’année 2018.
Sur le plan réglementaire, la Fédération Française des Diabétiques s’est également engagée, dans un travail de fond auprès de l’ensemble des administrations concernées, pour décortiquer les textes et faire évoluer les réglementations discriminantes.
Nous avons accéléré nos actions de sensibilisation auprès des acteurs de l’entreprise, de la médecine du travail et des associations du secteur social. Initiée par l’Association Santé en Entreprise, une charte du diabète en milieu de travail a été signée par plusieurs entreprises partageant des valeurs de non-discrimination, formation, et prévention.
Enfin, en amont de la vie professionnelle, l’Aide aux Jeunes Diabétiques s’est rapprochée des administrations, établissements et professionnels de l’enseignement. Les conditions d’accueil et d’accompagnement scolaires des jeunes atteints de diabète doivent concourir au même objectif : refuser l’idée de discrimination et assurer à tous les mêmes chances d’accès à l’emploi.
Désormais, le problème est posé et les négociations sont entamées. Nous continuerons notre action pour que les discours se traduisent en évolutions réglementaires
Notre appel
Face à l’incompréhensible persistance de discriminations dans l’accès à la formation et à l’emploi pour certains de nos concitoyens du fait de leur diabète, nous continuerons à nous mobiliser pour interpeller les acteurs politiques et les administrations, qui eux seuls peuvent faire évoluer la situation, et à les appeler à :
– Actualiser la réglementation discriminante ;
– Passer d’un cadre restrictif a priori, à un cadre ouvrant l’accès à toutes les professions, sur la base d’une évaluation individuelle, notamment pour les personnes ayant un diabète insulinodépendant ;
Le diabète est une maladie chronique, pas une fatalité. Nous souhaitons rappeler qu’il est inacceptable qu’une injustice sociétale soit ajoutée à cette injustice de la vie. Nous continuerons à travailler à lever les obstacles législatifs et réglementaires à l’épanouissement social et professionnel de près de 4 millions de Français diabétiques.
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