En septembre 2024, la Haute Autorité de santé a accordé une autorisation d'accès précoce à Yorvipath pour le traitement des adultes atteints d'hypoparathyroïdie chronique non contrôlés de manière optimale par le traitement vitaminocalcique. « Grâce à l'accès précoce, une centaine de patients qui étaient sous tériparatide sont désormais traités par palopegtériparatide en France », précise la Dr Cécile Ghander, endocrinologue à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière (Paris). Yorvipath (stylo prérempli) administré par injection sous-cutanée quotidienne permet de maintenir une calcémie normale grâce à la diffusion lente et progressive de la PTH1-34, hormone de synthèse active.
En première intention, le traitement de l’hypoparathyroïdie consiste en une administration quotidienne de calcium et de vitamine D active. Malgré ce traitement, des épisodes d’hypocalcémie peuvent survenir et nécessiter un traitement d’urgence et une hospitalisation. Par ailleurs, un traitement prolongé peut entraîner des complications telles que des calcifications ectopiques, notamment rénales. « L'hypoparathyroïdie peut être définitive et, surtout, réfractaire au traitement de première intention et très sévère. Dans ce cas, jusqu’à présent, nous n'avions pas d'autre choix que de prescrire le tériparatide, hors AMM. Cet analogue de l’hormone parathyroïdienne (PTH), indiqué dans l'ostéoporose post-cortisonique, a l'inconvénient d'engendrer des pics de PTH. Or sa sécrétion dans l'organisme doit être constante », explique la Dr Ghander.
Un fort retentissement sur la qualité de vie
Sécrétée par les glandes parathyroïdes, la PTH régule la concentration de calcium sérique et joue un rôle clé dans le métabolisme phosphocalcique, de concert avec les formes actives de la vitamine D. Elle agit notamment au niveau du rein, de l'os et indirectement de l’intestin. « La PTH est responsable du maintien du taux de calcium dans l'organisme. Le calcium est essentiel à la contraction des muscles, dont le cœur. Il sert aussi à la transmission nerveuse. Sans calcium, ces fonctions ne peuvent être exécutées », note l’endocrinologue.
Le médicament est lié de manière transitoire à un transporteur inerte par l’intermédiaire d’un “linker” qui permet sa libération
Carol Brucker, DG d’Ascendis Pharma France
Les anomalies biologiques incluent une hypocalcémie, une hyperphosphatémie, des concentrations circulantes de PTH faibles ou insuffisantes et une hypercalciurie. En l’absence de PTH, les patients peuvent souffrir de complications sévères et invalidantes à court et à long termes comprenant des symptômes neuromusculaires, des atteintes rénales, des calcifications extrasquelettiques, des troubles cognitifs et une asthénie retentissant sur tous les aspects de la vie quotidienne.
Un traitement efficace et bien toléré
Face à ce constat, Ascendis Pharma a développé le palopegtériparatide : une PTH substitutive, bénéficiant d'une technologie (appelée TransCon) lui permettant d’être délivrée progressivement afin de maintenir la calcémie sur la durée. « La technologie TransCon consiste à lier, de manière transitoire, le médicament à administrer à un transporteur inerte par l’intermédiaire d’un “linker” qui permet la libération du médicament », explique Carol Brucker, directrice générale d’Ascendis Pharma France. En 2023, le palopegtériparatide a obtenu une autorisation de mise sur le marché (AMM) européenne comme « traitement hormonal substitutif destiné au traitement des adultes atteints d’hypoparathyroïdie chronique ».
À six mois, 79 % des patients ayant reçu le médicament présentaient une calcémie presque normale
Dr Cécile Ghander, endocrinologue (Pitié-Salpêtrière)
L’AMM européenne repose sur les données d’efficacité et de sécurité de l’étude pivot de phase 3 PaTHway (TCP-304). « À six mois, 79 % des patients ayant reçu le médicament présentaient des concentrations de calcium dans le sang dans les limites de la normale, n’avaient plus besoin de suppléments de calcium et de vitamine D active, et maintenaient une dose stable de Yorvipath. Le profil de tolérance était favorable, avec des événements indésirables légers à modérés (réactions au site d’injection, céphalées). Par ailleurs, l’étude a montré une amélioration significative de la qualité de vie », affirme la Dr Ghander.
Maladie rare, l'hypoparathyroïdie chronique concerne 110 000 patients en Europe, entre 10 000 et 16 000 en France. Dans la grande majorité des cas, chez l'adulte, cette maladie survient après une opération de la thyroïde impactant les parathyroïdes. « La chirurgie thyroïdienne est la première cause d'hypoparathyroïdie. En France, 45 000 personnes subissent une thyroïdectomie chaque année et dans 75 % des cas, cette intervention est réalisée chez les femmes : 6 à 9 % d'entre elles développent une hypoparathyroïdie définitive », souligne la Dr Cécile Ghander. Souvent transitoire, cette maladie peut devenir chronique et définitive si elle persiste plus de six mois après la chirurgie. Elle peut également être d’origine génétique (7 % des cas), associée à d’autres maladies ou syndromes (9 % des cas) ou idiopathique (6 % des cas).
D’après une conférence de presse du laboratoire Ascendis Pharma
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