Fausse couche, faible poids, mort-nés

Hypothyroïdie frustre en début grossesse : un risque fœtal

Publié le 27/06/2012
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PRÉSENTE au premier trimestre de la grossesse, une hypothyroïdie fruste (ou infraclinique) est associée aux mêmes risques pour la mère et pour l’enfant à naître qu’une hypothyroïdie avérée : elle double le risque de fausse couche tardive (avant la 20e semaine), de faible poids de naissance et multiplie par 7 le risque d’enfants mort-nés.

Ces résultats qui viennent d’être présentés lors du congrès annuel de l’Endocrine Society à Houston sont issus d’un étude prospective TULIPS (Thyroid Screening in Urban Ludhiana in Pregnancy Study) menée chez 1 000 femmes enceintes et dont le dosage de TSH a été fait en routine au cours du 1er trimestre de grossesse. Ils confirment les dangers de l’hypothyroïdie frustre chez la femme enceinte, déjà associée avec un risque d’hématome rétroplancentaire, de prématurité et de détresse respiratoire néonatale, mais mal documentés puisque la littérature concerne surtout l’hypothyroïdie avérée et la thyrotoxicose.

Dans cet essai, ont été considérées comme normales pour le 1er trimestre de grossesse, des valeurs de TSH comprises entre 0,03 et 2,3 mIU/L. Pour les femmes non enceintes, les auteurs ont utilisées la classification usuelle de T4L. Les femmes ont été « classées » selon les valeurs de TSH et de T4L et comparé à un groupe de référence (patientes euthyroïdennes, anticorps négatifs).

Sur les 951 patientes, 21 étaient euthyroïdiennes avec anticorps positifs, 376 présentaient une hypothyroïdie frustre, 98 une hypothyroïdie franche ; 2 étaient en hyperthyroïdie, 31 en hypothyroxinémie. Les 423 autres patientes ont constitué le groupe de référence.

Les résultats montrent que l’hypothyroïdie frustre est statistiquement associée avec une augmentation des pertes fœtales (2,87 [1,67-4,95]), des accouchements prématurés (1,91 [1,06-3,44]), des faibles poids de naissance (1,82 [1,27-2,61]) et d’une légère augmentation de l’âge gestationnel (2,11 [1,40-3,18]). L’hypothyroïdie avérée était associée avec les mêmes risques (risques relatifs respectifs de 2,54 -1,83 -2,12 - et 3,14).

« Cela pourrait avoir une répercussion sur le dépistage de l’hypothyroïdie dès la première visite et inciter les sociétés savantes à changer leurs recommandations en la matière », a précisé Jagan jacob (Ludhiana, Inde)investigateur principal.

En France, l’hypothyroïdie frustre est définie par un taux de TSH› 4mUI/l confirmé par un deuxième dosage à 1 mois sans anomalie de la concentration de la T4 libre ; sa prévalence est de 1,9 % chez les hommes, de 3,3 % chez les femmes avec une augmentation chez les plus de 60 ans, les personnes ayant des antécédents thyroïdiens ou ayant consommé des certains traitements (lithium, amiodarone, interféron).

 Dr ANNE TEYSSÉDOU-MAIRÉ

Source : Le Quotidien du Médecin: 9149