« Le manque de diversité alimentaire fait le lit des intolérances. Et elles sont fréquentes chez les sportifs : autour de 10-11 % contre 4 % en population générale. L’intolérance est néanmoins un diagnostic à n’évoquer en dernier recours − un diagnostic d’exclusion − et toujours à partir d’une enquête nutritionnelle bien conduite, résume le Dr Frédéric Maton, édecin du sport au CH la Louvière, Lille. Enfin, sauf cas (rare) d’allergie alimentaire, dans les intolérances, après une phase d’exclusion, on réintroduit toujours, pas à pas, l’aliment incriminé. Ce qui évite d’appauvrir la variété du régime alimentaire. C’est un point crucial. »
De nombreuses idées reçues
Plusieurs facteurs favorisent l’installation d’un régime peu diversifié, qui vient faire le lit des intolérances. « Les sportifs ont des besoins énergétiques supérieurs. Pour les combler, ils privilégient souvent la quantité calorique, à la qualité, et usent par exemple de nombreuses barres énergétiques, raconte le Dr Maton. Nombreux sont ceux à croire qu’il y a de ‘bons’ aliments, type pâtes, et de mauvais aliments. » Il y a aussi la problématique du manque de temps pour les courses et la préparation de la nourriture. « Sans compter la tendance à s’autodiagnostiquer ‘intolérant’ à tel ou tel aliment, avec à la clé des exclusions non motivées menant à un manque de diversité », explique le Dr Maton. Pour lui, l’hypothèse selon laquelle l’effort intense favoriserait le développement d’intolérances digestives ne tient pas. « Biologiquement il n’y a pas de raison. Et cela n’a jamais pu être prouvé. »
Un diagnostic d’exclusion
Chez le sportif, une intolérance alimentaire peut provoquer des blessures, en particulier à cause de tendinopathies. Cela peut aussi s’exprimer par des douleurs abdominales, des colites, diarrhées et même par une fatigabilité excessive à l’effort. « Il faut y penser en particulier lors de terrain atopique (eczéma, psoriasis…), souligne le Dr Mason. Mais, dans tous les cas, ce doit être un diagnostic de dernier recours, fondé sur une enquête nutritionnelle bien conduite sur une semaine (semainier), complétée au besoin par un bilan d’intolérance plasmatique. »
« Dans bon nombre de cas, l’enquête va déjà mettre en évidence un déséquilibre dans la balance nutritionnelle, déséquilibre à l’origine des blessures, plaintes ou contre-performance », souligne le Dr Mason. Sa correction suffira à faire rentrer les choses dans l’ordre. C’est notamment le cas lors de déficit en apport énergétique, vitaminique, en minéraux, en acides gras essentiels, ou même en hydratation. Seule une faible partie des plaintes justifie vraiment un bilan d’intolérance, quand aucune autre cause n’a pu être retrouvée.
En cas d’intolérance avérée, la règle est l’exclusion stricte au moins 3 mois pour mettre la réactivité immunitaire au repos. Mais ensuite, il faut réintroduire, pas à pas. « On n’est jamais intolérant à vie ! », insiste le Dr Maton.
Entretien avec le Dr Frédéric Maton (Lille)
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