De grands groupes -dont Medtronic- ont pris de l’avance dans la compétition internationale. Cependant, « le pancréas artificiel Diabeloop est dans la course ! estime le Dr Charpentier. Notre capteur (Dexcom) est un peu supérieur mais surtout nous avons de bien meilleurs algorithmes grâce à un laboratoire commun avec le CEA LETI (plus gros laboratoire de modélisation et de nanotechnologie médicale d’Europe). Au départ, académiques, nous nous sommes également donné les moyens intellectuels (en faisant travailler des médecins et des ingénieurs de très haut niveau), nous avons d’emblée projeté l’industrialisation et fédéré toute la diabétologie française ».
Des études… à la mise à disposition des patients
La 1re étude clinique sur 3 jours avec l’algorithme Diabeloop a été présentée par la Pr Hanaire (CHU de Toulouse) et la Dr Franc (CERIDT et CHSF) à la conférence Advanced Technologies & Treatments for Diabetes (ATTD) 2017 et fait l’objet d’une communication orale au congrès 2017 de la SFD (Pr Reznik, CHU de Caen). Elle a inclus dans 9 centres 36 patients DT1 « experts » et a soumis 2 groupes à des situations difficiles (repas gastronomiques/sport) à deux reprises (sous pompe habituelle, puis sous pancréas artificiel).
• Le 1er (n = 15) a diné plusieurs soirs de suite, à 2 reprises, dans d’excellents restaurants. Le pancréas artificiel a maintenu le taux de sucre dans la cible normale 3 fois plus longtemps que la pompe pilotée manuellement par le patient.
• Le 2e groupe a eu 3 jours de suite, à 2 reprises, une activité physique répétée (matin et après-midi). Le pancréas artificiel fait 2 fois mieux que la pompe.
• Dans le 3e groupe (au repos, repas calibrés), la différence était moins flagrante.
Une étude pilote en cross-over (pompe/pancréas artificiel) sur 3 semaines commence en vie réelle, chez 8 patients (Grenoble, Corbeil). Si la sécurité est jugée satisfaisante, l’étude plus complète sur 3 mois débutera chez 60 patients (CHU de Besançon, Caen, Corbeil, Grenoble, Lyon, Marseille, Montpellier, Nancy, Nantes, Reims, Toulouse, Strasbourg) en mai 2017.
Le marquage communauté européenne (CE) [espéré fin 2017, début 2018] permettra de vendre le pancréas artificiel au patient (en attendant l’obtention d’un remboursement par l’Assurance-maladie). Pour un patient doté de capteur DEXCOM et de pompe patch Cellnovo, le surcout à charge équivaudra aux frais actuels d’un CGM (mesure continue de glucose) financé par 20 000 patients en attendant une prise en charge (prévue en 2017).
Modalités de prise en charge et perspectives d’avenir
Les déserts médicaux, les délais d’attente inacceptables, font que 50 % de DT1 sont actuellement mal équilibrés et en déshérence. L’objet technique ne peut tout régler : un accompagnement spécialisé et une organisation des soins adaptée sont nécessaires. Les centres référents démarreront la mise en œuvre du pancréas artificiel. Le suivi se fera par les diabétologues en ville aidés de prestataires de santé qui assureront la veille H24. « Les prestataires de pompes à insuline à domicile paraissent bien placés pour suivre les patients à distance et si nécessaire intervenir à domicile. Ils devront monter en compétence pour fournir des équipes d’infirmiers spécialisés en diabétologie. Ces derniers agiront en délégation de tâche comme à l’hôpital (surveillance et soin), sous la responsabilité du diabétologue de ville, ce que permet la loi HPST (2009) pour les traitements très complexes », explique le spécialiste.
Des études de remboursement sont planifiées au niveau européen, initialement ciblées sur les patients en échec (difficiles, hautement instables et compliqués) chez lesquels Diabeloop devrait être très efficace.
« Ensuite, seulement nous chercherons à valider le système chez l’enfant », conclut le Dr Charpentier.
D’après un entretien avec le Dr Dr Guillaume Charpentier, président du Centre d'études et de recherches pour l'intensification du traitement du diabète (CERITD) et diabétologue au centre hospitalier de Corbeil-Essonnes
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