L'antidiabétique Forxiga (dapagliflozine) vient d’obtenir une AMM européenne dans l’insuffisance cardiaque (IC) chronique symptomatique à fraction d’éjection réduite, qu'il y ait ou non un diabète. La décision s'appuie sur l'étude DAPA-HF, un essai de phase III, publié dans le « New England Journal of Medicine » (1).
Forxiga est déjà indiqué chez l’adulte pour le traitement du diabète de type 2 insuffisamment contrôlé en association avec un autre traitement et en complément d’un régime alimentaire et de l’exercice physique.
Du diabète à l’insuffisance cardiaque
Cet antidiabétique est le premier inhibiteur de SGLT2 (iSGLT2) indiqué dans l’insuffisance cardiaque. Le repositionnement de la molécule s'explique par les liens étroits entre IC et diabète. Chez les patients diabétiques, le risque de développer cette complication est multiplié par deux chez l’homme et par cinq chez la femme par rapport à la population générale.
Le contrôle du diabète permet-il à lui seul de prévenir le risque d’IC ? L'expérience des thiazolidinediones, qui en augmentent le risque malgré une baisse de l'hémoglobine glyquée, a mis à mal cette hypothèse. « D’où l’avènement des études de sécurité et de bénéfice cardiovasculaire des molécules traitant le diabète », explique le Pr Nicolas Lamblin, cardiologue à l’Institut cœur poumon du CHRU de Lille. Dans la méta-analyse des trois grands essais des iSGLT2 (3), le risque de décès cardiovasculaire ou d’hospitalisation pour IC était diminué de 23 %.
Une efficacité au-delà de la glycémie
Dans l’étude DAPA-HF, 4 744 patients insuffisants cardiaques (classe NYHA II à IV) à fraction d’éjection réduite (FEVG ≤ 40 %), avec ou sans diabète de type 2 ont été randomisés pour recevoir 10 mg/j de dapagliflozine (n = 2 368) ou un placebo (n = 2 368) en plus de leur traitement de référence pour l’IC.
Le critère de jugement principal portait sur la mortalité cardiovasculaire ou l’aggravation de l’IC (hospitalisation ou consultation en urgence). La dapagliflozine, au terme de 18,2 mois en médiane, a permis de diminuer d'en diminuer le risque de 26 %.
L’efficacité de la dapagliflozine dans l’IC s'est révélé indépendante du statut diabétique du patient. Par ailleurs, le risque de premier épisode d’aggravation de l’IC était diminué de 30 %, celui de décès de cause cardiovasculaire de 18 %. Le profil de sécurité de la molécule était comparable aux essais précédents et à la surveillance post-commercialisation.
D’après une conférence de presse d’AstraZeneca
(1) J.J.V. McMurray et al. NEJM, 2019. DOI: 10.1056/NEJMoa1911303
(2) R.M. Lago et al. Lancet, 2007. DOI: 10.1016/S0140-6736(07)61514-1
(3) T.A. Zelniker et al. Lancet, 2019. DOI: 10.1016/S0140-6736(18)32590-X
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