C'est un nouveau signal d'alarme que tirent cinq agences des Nations unies : la faim dans le monde touche 9,2 % de la population, soit 735 millions de personnes (fourchette allant de 691 à 783 millions de personnes). Plus de 122 millions de personnes supplémentaires sont touchées par la faim chronique depuis 2019 ; un chiffre qui se stabilise en 2022 (diminue même de 3,8 millions par rapport à 2021), après sept années de progression, sans pour autant redescendre à des niveaux antérieurs à la crise du Covid.
Cette évaluation est publiée ce 12 juillet par l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO), le Fonds international de développement agricole (Fida), le Fonds des Nations unies pour l'enfance (Unicef), l'Organisation mondiale de la santé (OMS) et le Programme alimentaire mondial (PAM).
Covid, guerre en Ukraine, crises climatiques…
« Ce chiffre alarmant est la conséquence de la pandémie et des crises climatiques répétées, ainsi que des conflits, notamment la guerre en Ukraine », lit-on dans ce dernier rapport sur l'état de la sécurité alimentaire et de la nutrition dans le monde. Si les tendances restent les mêmes, l'objectif de développement durable visant à mettre fin à la faim d'ici à 2030 ne sera pas atteint, met-il en garde. « Près de 600 millions de personnes seront encore confrontées à la faim en 2030. Les principaux facteurs de l'insécurité alimentaire et de la malnutrition sont notre "nouvelle normalité", et nous n'avons pas d'autre choix que de redoubler d'efforts pour faire évoluer les systèmes agroalimentaires », écrivent dans l'avant-propos les chefs des cinq agences de l'ONU. « Nous ne pouvons pas nous contenter de notre approche habituelle », exhorte Qu Dongyu, directeur général de la FAO.
Des inégalités croissantes
Si en moyenne, le nombre de personnes souffrant de la faim dans le monde a stagné entre 2021 et 2022, les progrès sont très inégaux selon les régions. L'Asie et l'Amérique latine voient leur situation s'améliorer, mais la faim augmente en Asie occidentale, dans les Caraïbes et dans toutes les sous-régions d'Afrique en 2022. L'Afrique reste le continent plus touché, avec une personne sur cinq souffrant de la faim, soit plus du double de la moyenne mondiale. Dans la Corne de l'Afrique, qui souffre de sa pire sécheresse depuis 40 ans, plus de 23 millions de personnes sont « en proie à une grave famine » en Somalie, au Kenya et en Éthiopie, alertait en mai le PAM.
« Il y a des lueurs d'espoir, certaines régions sont en passe d'atteindre certains objectifs nutritionnels pour 2030. Mais dans l'ensemble, nous avons besoin d'un effort mondial intense et immédiat. Nous devons renforcer la résilience face aux crises et aux chocs qui aggravent l'insécurité alimentaire », a déclaré le Secrétaire général de l'ONU, António Guterres.
Près de 30 % de la population en insécurité alimentaire
Par ailleurs, environ 29,6 % de la population mondiale, soit 2,4 milliards de personnes, n'ont pas un accès régulier à la nourriture. Parmi elle, 900 millions sont confrontées à une insécurité alimentaire grave. Sans parler de l'accès à une alimentation saine qui s'est détérioré : plus de 3,1 milliards de personnes dans le monde - soit 42 % - n'avaient pas les moyens de s'offrir un régime alimentaire sain en 2021, soit 134 millions de personnes supplémentaires par rapport à 2019.
Quant aux enfants, 148 millions de petits de moins de cinq ans (22,3 %) souffraient en 2022 d'un retard de croissance, 45 millions (6,8 %) d'émaciation et 37 millions (5,6 %) de surpoids. Lueur d'espoir : 48 % des enfants de moins de six mois bénéficient de l'allaitement maternel exclusif, ce qui est proche de l'objectif de 2025.
Mieux comprendre l'impact de l'urbanisation
Près de 7 personnes sur 10 devraient vivre dans des villes d'ici à 2050. Face à cette « mégatendance », le rapport invite à mieux comprendre comment l'urbanisation façonne les systèmes agroalimentaires. Ceci alors que des inégalités géographiques subsistent. L'insécurité alimentaire touche davantage de personnes vivant dans les zones rurales (33 % des ruraux versus 26 % des urbains). Chez les enfants, la prévalence du retard de croissance est plus élevée dans les zones rurales (35,8 %) que dans les zones urbaines (22,4 %), tout comme celle de l'émaciation, tandis que la surcharge pondérale est légèrement plus fréquente dans les zones urbaines (5,4 %) que dans les zones rurales (3,5 %).
« L'émaciation chez l'enfant reste à un niveau inacceptable et aucun progrès n'a été enregistré dans la réduction de la surcharge pondérale chez l'enfant. Nous avons besoin de politiques publiques, d'investissements et d'actions ciblés pour créer des environnements alimentaires plus sains pour tous », conclut Tedros Adhanom Ghebreyesus, directeur général de l'OMS.
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