La nouvelle vie du fénofibrate

Publié le 12/06/2014
Article réservé aux abonnés

C’est l’étude FIELD qui a attiré l’attention sur le fenofibrate. Il était testé vs. placebo (en association à une statine). Un des critères tertiaires était le taux de recours à un 1er traitement par laser chez les 8 % de patients qui avaient une rétinopathie diabétique. Ce taux a été significativement abaissé dans le groupe fénofibrate (– 31% ; 3,6% vs. 5,2 % ; p = 0,0002). Cette différence persistait après divers ajustements. Le problème essentiel néanmoins est qu’il n’y avait pas de critères définis pour l’indication de laser.

Dans l’étude ancillaire FIELD-Eye, le critère principal était l’augmentation de deux niveaux du stade de la rétinopathie sur l’échelle ETDRS (Early Treatment of Diabetic Retinopathy Study) : le taux a été de 3 % dans le groupe fénofibrate vs. 14 % dans le groupe placebo (p = 0,004). Il faut noter que, chez 12,5 % des patients, il n’y avait pas eu de suivi final. Cette étude montre un intérêt plutôt en prévention secondaire, en contradiction avec l’étude principale.

Quant à ACCORD-Lipids, elle était plus longue que l’étude FIELD (10 et 5 ans respectivement) et 50 % (contre 8 % dans FIELD) des sujets inclus avaient déjà une rétinopathie diabétique. Ici, c’était la progression de trois niveaux ETDRS qui était considérée, et elle a été abaissée significativement de 40 %.

ACCORD-Eye a de son côté montré davantage de bénéfices en prévention secondaire, peut-être pour des raisons durée, l’étude étant trop courte pour pouvoir montrer un bénéfice en prévention primaire.

Mode d’action inconnu

Le mode action du fénofibrate pour ralentir la rétinopathie en prévention secondaire est inconnu. A priori, cela ne passerait pas par les lipides au niveau sérique. Peut-être le fénofibrate intervient-il dans la régulation du transport des lipides en intrarétinien, mais cela reste à montrer.

À noter que le nombre de sujets à traiter pour éviter la progression de la rétinopathie diabétique est de 9 à 14 avec le fénofibrate versus 17 avec le laser et 25 avec les anti-VEGF. M. Weber (Nantes) a fait remarquer que le fénofibrate étant un produit génériqué, cela risque de retarder le développement d’une étude robuste. On peut imaginer qu’une voie d’administration locale (collyre voire injections intravitréennes) puisse être développée mais cet aspect n’a pas été évoqué.

Communication de M. Weber (Nantes).


Source : Bilan spécialistes