À PARTIR DE L’ADOLESCENCE, comment évolue le tissu mammaire pour se densifier jusqu’à la ménopause et devenir à risque de cancer ? Très peu de chose était connu jusqu’à présent à ce sujet, alors que la densité mammographique est un important facteur de risque de cancer à la ménopause. C’est à cette question qu’ont tenté de répondre des cancérologues de Toronto en comparant les données d’imagerie mammaire de 400 mères et de leurs filles âgées de 15 à 30 ans. L’équipe canadienne a ainsi confirmé que la composition de ce tissu est héréditaire et se modifie au fil du temps. Les jeunes femmes ayant des seins à teneur élevée en eau seraient plus à risque d’avoir des seins denses à la ménopause. Il serait ainsi possible de prédire une susceptibilité au cancer du sein dès le plus jeune âge.
Mais ce n’est pas tout. Norman Boyd et ses collègues du Campbell Family Institute for Breast Cancer Research ont trouvé une corrélation entre la teneur en eau des seins et la taille de ces jeunes femmes. Plus elles étaient grandes, plus les seins étaient à risque de devenir denses par la suite. Pour expliquer cette constatation, les chercheurs suggèrent une hypothèse hormonale d’après les résultats des jeunes filles n’ayant pas pris de contraceptifs au cours des 6 derniers mois. Dans ce sous-groupe, le taux d’hormone de croissance (GH), qui était par ailleurs mesuré chez toutes les filles après la réalisation de l’IRM, s’est en effet révélé corrélé à la teneur en eau des seins.
IRM et taux de GH.
Comment l’équipe canadienne s’y est-elle prise pour obtenir ces résultats ? Pour bien étudier la composition tissulaire et éviter une irradiation inutile chez les filles, la glande mammaire était évaluée à l’IRM, tandis que les mères passaient leur mammographie habituelle et que quelques-unes d’entre elles ont réalisé une IRM également (n = 100). Il est intéressant de noter à ce titre que le risque de cancer du sein à proprement parler n’était pas évalué à l’IRM chez les jeunes femmes. L’équipe s’est servie du fait déjà établi antérieurement qu’il existe une corrélation entre la teneur en eau des seins et la densité à la mammographie. Ce qui a permis aux cancérologues de raisonner par déduction. C’est ainsi de manière attendue que la densité mammographique était corrélée à la teneur en eau des seins chez les mères ayant fait les deux imageries. Il est apparu chez les jeunes que le pourcentage en eau du tissu mammaire, (médiane de 44,8 %) était plus élevé que chez les mères (médiane de 27,8 %). Mais surtout, la teneur en eau des seins des filles était corrélée à la densité mammographique maternelle, prouvant le caractère héréditaire et l’évolution de la composition tissulaire au cours du temps. Plus intéressant encore, le pourcentage en eau de la glande était corrélé à la taille des jeunes femmes.
Croissance et tissu mammaire.
Les auteurs soutiennent ainsi l’hypothèse que la composition tissulaire du sein à l’adolescence serait prédictive du risque de cancer du sein. L’équipe fait référence au modèle de Pike, qui dit que le sein est plus sensible aux carcinogènes dans le jeune âge, ce modèle étant construit sur les constatations empiriques faites au Japon après la deuxième guerre mondiale. Les femmes âgées de moins de 20 ans lors de l’explosion des bombes radioactives avaient davantage de cancers du sein que les plus âgées. De même que les femmes ayant eu, enfants, une radiothérapie, ont davantage de tumeurs également. Les auteurs montrent que l’hormone de croissance affecterait la composition tissulaire et qu’elle pourrait agir comme carcinogène potentiel. Dans l’étude, une augmentation de taille de 5 cm était associée à une augmentation de la teneur mammaire en eau de 3 %. Une étude danoise corrobore d’ailleurs cette constatation, en montrant une forte association entre la taille à l’âge de 14 ans et le risque ultérieur de cancer du sein. Une augmentation de taille de 5 cm y était associée à une augmentation du risque de tumeur de 11 %. L’hormone de croissance médie non seulement le développement somatique mais est aussi un agent mitogène du sein. Ainsi l’association constatée entre la teneur des seins en eau et les taux hormonaux suggère un mécanisme par lequel la croissance modifierait la composition du tissu mammaire.
Lancet Oncology, publication avancée en ligne du 30 avril 2009.
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