SI L’INDICE de masse corporelle (IMC) est, à juste titre, le critère utilisé pour définir la surcharge pondérale et l’obésité, il ne rend pas compte de l’adiposité viscérale ectopique (foie, muscle, cœur, pancréas) alors que ce type d’adiposité est lié à un risque cardiométabolique accru, déplore le Pr J.-P. Desprès ( Université Laval, Québec). Pour reconnaître ces patients à risque, sans être obligatoirement obèses, le Pr Després propose de prendre en compte deux paramètres : le tour de taille et le taux de triglycérides. Quand le premier dépasse 90 cm et le second dépasse 2 mmol/l, l’imagerie retrouve presque toujours une adiposité viscérale ectopique.
Pour combattre cette adiposité ectopique et le risque cardiométabolique associé, le Pr Després présente des travaux suggérant que, plus encore que la réduction de la surcharge pondérale, ce sont la réduction du tour de taille, l’exercice physique avec amélioration des capacités cardiorespiratoires et la limitation de la consommation des boissons sucrées qui représentent la mesure la plus efficace.
Boissons sucrées, obésité et diabète de type 2.
Le Pr Frank Hu ( Harvard, États-Unis) a présenté l’ensemble des données épidémiologiques qui impliquent les boissons sucrées : ainsi une récente méta-analyse montre qu’une boisson sucrée supplémentaire par jour est liée à une prise de poids significative chez l’enfant, la démonstration étant encore plus significative dans les séries plus larges avec les suivis les plus longs, avec les méthodologies les plus rigoureuses. Même démonstrations provenant de nombreux pays : citons, par exemple, la Black Women’s Health Study qui a permis de suivre plus de 40 000 femmes pendant six ans (les femmes qui ont augmenté leur consommation de boissons sucrées sont celles qui grossissent le plus) ou encore l’étude ayant porté sur les descendants de la célèbre étude de Framingham (les sujets consommant plus d’une boisson sucrée par jour ont un risque d’obésité augmenté de 37 %).
Les démonstrations sont plus récentes mais tout aussi convaincantes pour le risque cardiométabolique : augmentation du diabète de type 2, de l’hypertension et de l’hypertriglycéridémie en cas de consommation de plus de deux boissons sucrées par jour. Plus récemment, la Nurses Health Study (plus de 80 000 femmes dont le suivi est allé jusqu’à vingt-quatre ans) a établi un lien entre la consommation de deux ou plus boissons sucrées par jour et le risque de coronaropathies (+ 35 %, p < 0,001), association qui reste significative après prise en compte de l’IMC, de l’apport énergétique, d’un diabète de type 2.
Le fructose en accusation.
Comment expliquer cet effet des boissons sucrées, au-delà de l’apport calorique, et des sucres rapides ? Plusieurs hypothèses reposent sur des études qui se multiplient : moins bonne compensation de l’énergie fournie par les repas ingérés après la prise de ces boissons, altération des fonctions des cellules bêta, inflammation…
Le Pr Luc Tappy (Lausanne, Suisse) met en cause le fructose, des études expérimentales et chez l’homme montrant que les régimes hypercaloriques et riches en fructose stimulent la lipogenèse de novo intrahépatique, avec augmentation du taux de triglycérides dans le plasma et dans le foie, à jeun comme après un repas. Parallèlement, on observe un accroissement de l’insulinorésistance, une augmentation de la production d’acide urique et un dysfonctionnement des cellules endothéliales. Un ensemble d’anomalies qui sont au cœur du procès conduisant à l’adiposité viscérale ectopique et au risque cardiométabolique.
Des données d’autant plus inquiétantes qu’une récente étude effectuée dans la région de Los Angeles montre que la teneur des boissons sucrées en fructose est souvent sous-estimée et, de plus, excessivement variable pour une même boisson selon qu’elle est vendue en grande surface ou distribuée par telle ou telle chaîne de restauration rapide…
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