Les hypoglycémies sévères sont le principal risque de complications métaboliques aiguës chez les diabétiques, en particulier de type 1 (DT1), mais elles peuvent aussi survenir chez un diabétique de type 2 traité par insuline voire par sulfamide hypoglycémiant. Rétablir une glycémie qui permet au patient de revenir à un état de conscience suffisant pour se réalimenter et procéder ainsi à un « resucrage » est une urgence puisque les hypoglycémies sévères, si elles durent, peuvent avoir des conséquences fatales. Il est impossible et totalement déconseillé de faire absorber de force du sucre par la bouche (sous quelle que forme que ce soit) chez un sujet en état de confusion ou de coma hypoglycémique du fait des risques de fausse route. C’est pourquoi l’administration de glucagon est indispensable. Pour mémoire, cette hormone, tout comme l’insuline, est produite par le pancréas endocrine, avec l’effet inverse à savoir de faire remonter rapidement la glycémie, par mobilisation des réserves de glycogène hépatique.
Injection : au moins 2 mn pour une personne bien entraînée
Jusqu’à aujourd’hui nous n’avons disposé que d’une forme injectable du glucagon (SC ou IM), qui nécessite une préparation à partir d’une poudre et d’un solvant. Ceci prend au moins 2 minutes à une personne bien entraînée. Cette injection est souvent mal maîtrisée par l’entourage, pas toujours – ni récemment – formé, et qui doit la réaliser en état de stress majeur, parfois chez un sujet agité, à quoi s’ajoute la crainte de mal s’y prendre et de porter préjudice au patient.
Baqsimi : 15 secondes tout compris
Nous venons d’apprendre qu’après la Food and drug administration (FDA) aux États-Unis, l’agence européenne EMA vient d’autoriser (1) une forme galénique de glucagon en spray nasal ne nécessitant plus d’injection. Ce médicament, Baqsimi 3 mg (Eli Lilly), est prêt à l’emploi (ouverture simple du tube d’emballage et décapsulage du dispositif) et peut être conservé à température ambiante entre18 mois à deux ans. Il est à usage unique, la dose de 3 mg de glucagon en poudre étant délivrée en une seule fois via l’embout nasal inséré dans une narine et propulsé par la pression exercée sur le piston du dispositif. Point important, cela ne nécessite aucune inhalation par le sujet. Au total, ce geste ne prend qu’une quinzaine de secondes et il est aussi efficace qu’une injection de glucagon dont la réalisation est bien plus longue.
Dans une petite étude menée auprès de soignants entrainés et en conditions simulées de stress, sept fois plus de soignants ont correctement administré une dose complète de glucagon intranasal. Et surtout, 94 % des aidants naturels (15/16) ont correctement administré la dose complète de glucagon avec le dispositif intranasal. Inversement, seuls 13 % de ces mêmes aidants (2/16) ont administré une dose complète avec le kit d’injection !
L’administration du glucagon par voie intranasale se décompose en 3 étapes simples, ce qui a pris, pour les soignants sept fois moins de temps qu’avec les kits d’injection actuels, qui requierent sept étapes : il a été chronométré 16 secondes pour le glucagon par voie intranasale contre 1’53’’ à 2’20’’ pour le kit d'injection.
Baqsimi 3 mg a obtenu une autorisation de mise sur le marché pour les diabétiques à partir de l’âge de 4 ans. Il serait bon ainsi qu’il soit disponible dans les écoles et autres lieux d’éducation ou de travail – et, bien sûr, chez les particuliers ou dans le sac d’un conjoint ou d’un proche, notamment lors d’un voyage ou d’une randonnée. Après nombre de précédents essais sans succès d’autres formes de glucagon nasal, Baqsimi représente un progrès vraiment radical pour les patients, leur entourage et les soignants. Nous attendons maintenant impatiemment sa commercialisation en France.
Université Grenoble-Alpes, Grenoble
(1) EMA/CHMP/542297/2019 le 17 octobre 2019
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