Boehringer Ingelheim et Zealand Pharma ont annoncé le lancement de trois études de phase 3 évaluant le survodutide - également connu sous le nom de BI 456906 - chez les personnes souffrant de surpoids ou d’obésité.
Les innovations autour des analogues du GLP-1 dans le traitement du surpoids et de l'obésité vont bon train. Quelques semaines après l'autorisation du tirzépatide (Eli Lilly) - agoniste double du GIP et du GLP-1 aux États-Unis, c'est au tour du laboratoire Boehringer Ingelheim d'annoncer le lancement des études de phase 3 pour le survodutide.
« Cette molécule est un double agoniste : elle active à la fois les récepteurs du GLP-1 et du glucagon. Elle permettrait ainsi d'obtenir des effets métaboliques supplémentaires par rapport aux simples agonistes du GLP-1 tels que le liraglutide (Saxenda) ou le sémaglutide (Wegovy) du laboratoire Novo Nordisk », souligne le Pr David Jacobi, spécialiste de l'obésité au CHU de Nantes. Le survodutide pourrait ainsi permettre des pertes de poids supérieures et une meilleure gestion des comorbidités associées à l'obésité.
Un effet espéré sur la thermogenèse
En mimant une hormone gastro-intestinale (le glucagon-like peptide 1 dit GLP-1) libérée dans la circulation sanguine en réponse aux aliments ingérés, les analogues du GLP-1 induisent un sentiment de satiété. Outre le fait d'engendrer une diminution de l'appétit, le survodutide permettrait d'augmenter la thermogenèse (dépense énergétique) grâce à l'action agoniste des récepteurs du glucagon. Mais cet effet reste encore théorique. « S'il a été démontré chez la souris, son importance reste à quantifier chez l'homme », précise le Pr Jacobi.
Présentées lors du 59e congrès annuel de l’Association européenne pour l’étude du diabète (EASD), les données de phase 2 du survodutide ont démontré des réductions du poids corporel chez les personnes souffrant de surpoids ou d'obésité sans diabète de type 2 après 46 semaines de traitement contre placebo. Les personnes ayant terminé l'étude à la dose de 4,8 mg ont perdu près de 19 % de leur poids. Une perte de poids supplémentaire pourrait être obtenue avec une durée de traitement plus longue. Par ailleurs, la pression artérielle systolique et diastolique a baissé (jusqu’à 8,6 mmHg et 4,8 mmHg).
Quelle tolérance pour l'agonisme des récepteurs du glucagon ?
Démarrées mi-novembre, les études de phase 3, évaluent le survodutide chez les personnes souffrant d’obésité (IMC ≥ 30 kg/m2) ou de surpoids (IMC ≥ 27 kg/m2) avec des comorbidités (dyslipidémies, hypertension, apnées obstructives du sommeil). Synchronize-1 recrutera des personnes sans diabète de type 2 et Synchronize-2, avec diabète de type 2.
Dans les deux études, les critères principaux d’évaluation sont le pourcentage de variation du poids à la semaine 76 et la proportion de personnes ayant obtenu une perte de poids de 5 % ou plus à la semaine 76. Les critères secondaires d’évaluation sont des réductions de poids d’au moins 10 %, 15 % et 20 % à la semaine 76. Au total, 600 participants sont randomisés dans chacune des deux études pour recevoir des injections sous-cutanées hebdomadaires de survodutide jusqu’à une dose maximale de 3,6 mg ou 6,0 mg pour le traitement d’entretien, ou de placebo.
« Outre l'efficacité, la question posée par les essais de phase 3 est celle de la tolérance. Les essais de phase 2 avec le survodutide ont montré des effets secondaires similaires à ceux observés avec les analogues du GLP-1 (nausées, troubles du transit…). Les éventuels effets secondaires liés à l'agonisme des récepteurs du glucagon devront être étudiés de près », note le Pr Jacobi.
Enfin, une troisième étude, Synchronize-CVOT a recruté des personnes en surpoids ou obèses atteintes d’une maladie cardiovasculaire ou rénale chronique ou présentant des facteurs de risque de maladie cardiovasculaire. Le critère principal d’évaluation est le délai de première survenue d'un de cinq événements cardiaques (décès, accident vasculaire cérébral non fatal, infarctus du myocarde non fatal, revascularisation coronarienne liée à l’ischémie et événements d’insuffisance cardiaque). Les études de phase 3 devraient s'achever début 2026.
Le Pr David Jacobi déclare les liens d'intérêt suivants avec Novo Nordisk, Eli Lilly, Pfizer, Boehringer Ingelheim (remboursement de frais de voyage, expertise, consultation ou conseil rémunérés, investigateur dans des essais cliniques).
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