Le teplizumab intéressant aussi une fois le stade clinique du DT1 atteint

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Publié le 06/09/2024
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Utilisé pour ralentir le passage au stade clinique du diabète de type 1 (DT1), le teplizumab pourrait rester intéressant une fois ce cap franchi, en préservant un reliquat d’insulinosécrétion, avec une amélioration du contrôle métabolique à long terme.

Crédit photo : VOISIN/PHANIE

Le téplizumab est un anticorps monoclonal humanisé qui cible les CD3 sur les cellules T sans se lier aux récepteurs Fc. En 2022, la Food and drug administration (FDA) des États-Unis a approuvé son utilisation chez les patients âgés de 8 ans et plus, diagnostiqués avec un diabète de type 1 (DT1) au stade 2 (avant donc l’apparition patente du diabète). Une méta-analyse s’est penchée sur l’efficacité et la sécurité de cette molécule dans le traitement du DT1 au stade 3, le stade clinique (1).

Les bases de données PubMed, Embase et Cochrane ont été consultées pour trouver des essais contrôlés randomisés comparant le teplizumab à un placebo pour le DT1 sur l’un des critères suivants : aire sous la courbe (ASC) du peptide C ; taux d’HbA1c ; besoins en insuline ; ainsi que les événements indésirables.

8 essais ont été retenus, avec 1 052 patients, dont 754 recevant du teplizumab. Cette molécule a augmenté de manière significative l’ASC du C peptide à 6, 12, 18 mois et 24 mois, a réduit de manière significative les taux d’HbA1c à 6 mois de -0,57 % ; IC95 [-1,07, -0,08] et à 12 mois de -0,31 [-0,59, -0,02] %, et a réduit significativement les besoins en insuline de 6 à 24 mois de -0,11 U/kg, en moyenne. Le tout sans évènement indésirable grave.

L’espoir de réduire les complications

Pour rappel, le DT1 est une maladie auto-immune dont le diagnostic peut être fait avant le stade clinique de l’hyperglycémie permanente et de l’insulinopénie profonde, par un dosage des auto-anticorps (aAc). Le stade 1 est celui défini par la présence d’au moins deux aAC, sans altération de l’insulinosécrétion décelable. Le stade 2, encore asymptomatique, se définit par des aACs et l’apparition d’altérations biologiques de l’insulinosécrétion, avec perte de la première phase d’insulinosécrétion et des hyperglycémies transitoires détectables, comme aux temps précoces (à 1 heure) de l’HGPO. Le passage du stade 2 au stade 3 est plus ou moins rapide, mais inéluctable ; il est décrit en deux étapes, 3a et 3b. Le stade 3 est celui du DT1 clinique, marqué par une GAJ ≥ 1,26 g/L, une HbA1c > 6,5 %, une glycémie aléatoire > 2 g/L et des anomalies en mesure continue du glucose.

Les études portent aujourd’hui sur de nombreuses molécules et aux différents stades. Cette méta-analyse confirme le bénéfice et la sécurité d’usage à deux ans du teplizumab une fois le stade 3 atteint, afin de protéger ce qu’il reste d’insulinosécrétion et d’améliorer le contrôle glycémique sous insuline à long terme, réduire les complications aiguës comme chroniques.

(1) Grando Alves G, Cunha L, Henkes Machado R, Lins de Menezes V. Safety and efficacy of teplizumab in the treatment of type 1 diabetes mellitus: An updated systematic review and meta-analysis of randomized controlled trials. Diabetes Obes Metab. 2024 Jul;26(7):2652-2661

Pr Serge Halimi, Professeur Émérite, Université Grenoble-Alpes

Source : lequotidiendumedecin.fr