La petite histoire
Le thalidomide a été commercialisé en 1957 comme hypnotique et anti-nauséeux chez les femmes enceintes. Il a été retiré du marché en 1961 et 1962, selon les pays, en raison de l’apparition de phocomélies chez les enfants et de névrites chez les adultes. Malgré cet échec, le produit a connu une seconde vie.
En 1964, un dermatologue israélien, le Dr Jacob Sheskin, décida de l’utiliser comme médicament de dernier recours à visée hypnotique et antalgique chez un homme atteint d’érythème nodulaire en lien avec une lèpre. Après une prise de 4 comprimés au total, l’état de santé du patient s’est nettement amélioré.
Le Dr Sheskin a, par la suite, prescrit le thalidomide à 6 autres patients atteints de lèpre avec succès. Au Venezuela, entre 1970 et 1971, une étude en double aveugle a confirmé les résultats préliminaires obtenus en Israël : 92 % de guérison sur 173 patients traités. L’OMS a suivi cette piste et a proposé une étude sur 4 552 malades.
L’activité thérapeutique a non seulement été confirmée, mais le mécanisme d’action a été élucidé : le thalidomide inhibe le TNF alpha, médiateur de l’inflammation. En Allemagne, en 1976, le thalidomide a obtenu une AMM pour la lèpre érythémateuse nodulaire, et, en 16 juillet 1998, a fait son retour aux États-Unis.
Et après ?
Dans les années 1990, une activité anti-angiogénique, immunomodulatrice, antiproliférative et pro-apoptotique de la thalidomide a été découverte. Des essais ont été effectués chez des patients atteints de myélomes multiples, avec succès.
Depuis les années 2000, de nouveaux succès thérapeutiques ont été enregistrés : traitement des aphtoses sévères du sida, du lupus érythémateux résistant au traitement classique, du myélome réfractaire, des neuropathies diabétiques, des tuberculomes, de la maladie de Crohn, de la maladie de Behçet…
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Références
Teo S, Striling D, Zeldis J. Thalidomide as a novel therapeutic agent: new uses for an old product. Drug Discov Today. 2005 Jan 15;10(2):107-14
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