L’incidence croissante et le rajeunissement de l’âge de diagnostic des diabètes de type 1 (DT1) dans de très nombreux pays font explorer d’innombrables pistes explicatives, dont celle du rôle des virus, en particulier celui des entérovirus (EVs). Des études épidémiologiques, génétiques, cliniques et autopsiques ont été menées.
Diabetes virus detection (Divid) a repéré des EVs persistants dans les îlots de Langerhans, sur des microrésections laparoscopiques de six sujets DT1, âgés de 25 à 35 ans, dans le mois suivant la révélation de leur diabète (1). Tous avaient au moins un HLA à risque de DT1. La détection virale a été confirmée par immunofluorescence de cellules cultivées, incubées avec des extraits pancréatiques : des antigènes viraux ont été exprimés dans le cytoplasme d’environ 1 % des cellules.
6/6 échantillons contenaient des virus vivants chez ces personnes atteintes de DT1 (cas), quand ils étaient 2/11 chez des personnes non diabétiques (contrôles). En revanche, les génomes de 20 autres virus humains (non-entérovirus) n’ont pu être détectés qu’une seule fois chez une seule personne atteinte de DT1 (il s’agissait d’un Epstein-Barr) et également une fois chez une personne non diabétique (un Parvovirus B19).
En conclusion, seuls les entérovirus sont retrouvés à la phase précoce du DT1 dans les îlots de Langerhans, et aucun autre. Cela tend à confirmer la piste d’un rôle pathogène des entérovirus dans le processus de déclenchement du DT1, chez les sujets jeunes en particulier.
Théorie hygiéniste
Le rôle des virus, plus particulièrement celui des entérovirus, est de plus en plus affirmé dans le processus de développement du DT1. On les retrouve ainsi dans les leucocytes et plusieurs organes chez les patients récemment DT1, ou encore dans les diabètes fulminants. De quoi alimenter la théorie hygiéniste, évoquant une trop grande rareté des contacts avec les EVs dans les populations des pays développés.
Ce travail vient confirmer, avec plusieurs autres, ce rôle. Ce qui ouvre des voies pour des traitements antiviraux, administrés dès la découverte du DT1 et même avant, en présence de marqueurs d’auto-immunité de DT1. De plus, la vaccination contre les entérovirus surtout dans les populations à plus au risque de DT1, pourrait être envisagée à titre préventif.
Professeur Emérite, Université Grenoble-Alpes
(1) Krogvold L, Genoni A, Puggioni A, Campani D, Richardson SJ, Flaxman CS, Edwin B, Buanes T, Dahl-J rgensen K, Toniolo A. Live enteroviruses, but not other viruses, detected in human pancreas at the onset of type 1 diabetes in the Divid study. Diabetologia. 2022 Dec;65(12):2108-2120. doi : 10.1007/s00125-022-05779-2
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