Une analyse de la littérature

Obésité : mythes, croyances et réalités

Publié le 07/02/2013
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Crédit photo : PHANIE

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Crédit photo : S TOUBON

EN S’APPUYANT sur une analyse de la littérature scientifique, Krista Casazza et coll. ont identifié sept mythes, six croyances et neufs faits prouvés, relatifs à l’obésité.

- Les mythes sont présentés avec les preuves de leur réfutation. Ainsi, l’assertion : « Des petites modifications constantes de la prise énergétique auront un effet important à long terme sur le poids », ne tient pas la route face aux résultats des études récentes. Pas plus que l’hypothèse : « Établissons des buts réalistes de perte de poids, ce qui permet d’obtenir un meilleur résultat », il n’y a en effet pas d’association négative entre des buts ambitieux et le bon résultat d’un programme. L’adage : « Mieux vaut des petites pertes des poids progressives qu’un amaigrissement rapide et important » ne se vérifie pas dans les méta-analyses, les probabilités de succès à long terme étant équivalentes.

« On doit vérifier que le patient est prêt à s’engager dans un régime », est au minimum superflu ; par définition, un sujet choisissant d’intégrer un programme de perte de poids est déjà prêt. Et puis, « Les cours d’éducation physique sont importants pour la réduction de l’obésité infantile », on sait déjà que c’est inexact chez l’adulte, cela l’est aussi chez les enfants.

Un autre mythe très prévalent est celui de « L’allaitement maternel, protecteur de l’obésité ». Les observations sont en train de casser ce mythe. Par exemple, chez une cohorte de 13 000 enfants suivis pendant plus de 6 ans, la preuve n’est pas apparue.

Enfin, « Un acte sexuel permet de brûler de 100 à 300 kcal pour chacun des participants ». Il n’en est rien, les auteurs calculent que l’excès d’énergie dépensé est d’environ 14 kcal (l’équivalent d’une marche à pied rapide pendant 6 minutes, durée moyenne d’un acte sexuel).

- Les croyances, on va le voir sont bien ancrées pour certaines d’entre elles. Ainsi, on présume, à tort, « Qu’il ne faut pas sauter le petit-déjeuner, ce qui protège contre l’obésité ». Deux études randomisées comparant le fait de prendre un petit-déjeuner ou de le sauter, ne montrent pas d’effet sur le poids des personnes de l’échantillon.

On affirme aussi que « Consommer davantage de fruits et légumes aidera à la perte de poids », ce qui se révèle gratuit si aucune autre habitude alimentaire ne change… Et puis, « Il est important de faire acquérir dès la petite enfance les habitudes d’alimentation et d’exercice physique correctes, ce qui a des répercussions sur la vie entière », se révèle inexact, les études randomisées montrant que l’IMC d’un individu est davantage une affaire de génotype.

« Les pertes et prises de poids alternées, en yo-yo, augmentent la mortalité » ; en vérité ce sont sans doute les variables confondantes qui ont cet effet, car les études sur des modèles animaux ne confirment pas l’association épidémiologique.

« Le grignotage contribue à la prise de poids et à l’obésité » : tout dépend sans doute de ce qui est grignoté, mais d’une manière générale, les études randomisées tout comme les études d’observation ne permettent pas de l’affirmer.

Les faits.

« Le paysage urbain (parking, proximité d’un parc) exerce une influence sur la prévalence de l’obésité », voilà encore une affirmation gratuite, qu’aucune étude ne vient étayer.

- Il y a enfin des faits, sur lesquels nous pouvons nous appuyer avec une confiance raisonnable. Ces faits vont être utiles pour élaborer des recommandations en clinique individuelle ou en santé publique. Ainsi, « la génétique ne fait pas tout, les modifications de l’environnement sont efficaces », « l’exercice physique, s’il ne fait pas nécessairement perdre du poids, aide au maintien de la santé », « la poursuite des mesures qui ont permis une perte de poids, maintient cette perte », « chez les enfants en surpoids, l’implication de la famille et des parents est d’une grande efficacité », « chez des patients bien choisis, la chirurgie bariatrique permet une réduction pondérale à long terme et offre une réduction du risque de diabète ainsi que de la mortalité. »

New England Journal of Medicine, 368;5, 31 janvier 2012.

Dr BÉATRICE VUAILLE

Source : Le Quotidien du Médecin: 9216