Les principaux candidats possiblement à l’origine de ces phénomènes sont les conservateurs d’insuline, les matières plastiques et la colle adhésive utilisées dans la fabrication.
Les perfusions sous-cutanées continues d’insuline (pompe) pour le diabète de type 1 (DT1) sont de plus en plus utilisées. On sait que les pannes au niveau du site d’implantation du cathéter sont fréquentes, mais on connaît peu de choses quant aux remaniements cutanés liés à l’utilisation de ces pompes.
Pour étudier la question, cette étude a utilisé plusieurs approches morphologiques : une tomographie par cohérence optique (OCT) non invasive, une angioOCT (OCTA) et des biopsies cutanées, chez des sujets avec DT1 sous pompe (1). L’OCT a été réalisée immédiatement avant les biopsies cutanées sur trois sites :
- le site actuel de perfusion d’insuline, avec le set de perfusion retiré au moment de l’OCT et de la biopsie ;
- le site dit de récupération, set de perfusion retiré trois jours avant la biopsie ;
- le site témoin, qui n’avait jamais été utilisé pour une perfusion ou une injection d’insuline.
Les pompes étaient Medtronic, Tandem et Omnipod. Résultats, l’OCT et l’OCTA ont identifié des caractéristiques d’inflammation et de densité vasculaire accrues au niveau des sites de perfusion, par rapport aux sites témoins. L’analyse histologique des sites a montré des différences dans l’architecture cutanée, notamment la fibrose, l’inflammation (y compris l’augmentation des éosinophiles tissulaires) et la nécrose graisseuse. La coloration immunohistochimique a montré des différences entre les sites de perfusion et les sites témoins en ce qui concerne la l’ILGF-I et le facteur de croissance transformant β3. Et une éosinophilie, plus importante avec Tandem mais, surtout, moins importante après 20 années de port de pompe, par rapport au port datant de moins10 ans.
Ces résultats soutiennent la sensibilisation allergique en tant que réaction potentiellement courante sur les sites de perfusion des pompes. Les principaux candidats possiblement à l’origine de ces phénomènes sont les conservateurs d’insuline, les matières plastiques et la colle adhésive utilisées dans la fabrication. La réponse inflammatoire provoquée par ces réactions allergiques courantes peut entraîner des modifications tissulaires responsables des défaillances du site de perfusion, fréquemment observées dans la pratique clinique.
Déjà connu avec les injections
Pour les injections conventionnelles d’insuline, de nombreuses études échographiques et biopsiques ont montré des remaniements importants aux sites d’injections répétées et leurs conséquences sur la résorption de l’insuline, locales comme glycémiques. Les conservateurs de l’insuline étaient déjà en cause mais aussi les techniques d’injections, la non-rotation, le matériel utilisé, etc. Cette étude montre, sur le court terme (0-3 jours), des modifications structurelles dont on ignore les conséquences sur l’équilibre du diabète, et aussi sur la structure de la peau en cas d’usage de ces dispositifs durant des mois et années. Cette première étude éclaire et vient par ailleurs compléter une étude française sur la tolérance locale des dispositifs (pompes patch, capteurs), qui relevait en particulier inflammations locales et allergies, avec les mêmes composants soupçonnés.
Professeur Émérite, Université Grenoble-Alpes (1) Kalus A, Shinohara MM, Wang R, Baran JD, Dong X, Khakpour D, Lu J, Hirsch IB. Evaluation of Insulin Pump Infusion Sites in Type 1 Diabetes: The DERMIS Study. Diabetes Care. 2023 Sep 1;46(9):1626-32 doi: 10.2337/dc23-0426
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