Nouveau rebondissement pour les pompes implantables de Medtronic destinées aux patients diabétiques de type 1. La société, qui avait fait savoir dès 2017 qu'elle arrêterait la production de son modèle MiniMed, vient d'annoncer qu'elle allait investir dans un nouveau modèle de pompe, puisqu'elle vient d'acquérir les droits de propriété intellectuelle relatifs à une technologie de pompe implantable développée par la fondation Alfred Mann.
La Fédération française des diabétiques, qui a relayé cette annonce, s'est réjouie : « Même si de nombreuses questions restent en suspens, (...) cette nouvelle permet d’envisager l’avenir plus sereinement pour les patients actuellement implantés et les diabétologues qui les suivent dans les centres implanteurs. »
La pompe implantable jusque-là produite par Medtronic (MiniMed 2007D) permet une administration d’insuline par voie intrapéritonéale. « La voie sous-cutanée ne convient pas à certains patients chez lesquels l'insuline n'est pas bien absorbée par la peau. Ils ne représentent que 1 % des diabétiques de type 1 mais, pour eux, la pompe implantable est parfois la seule solution qui convienne », explique le Pr Éric Renard, chef du service d'endocrinologie et de diabétologie du CHU de Montpellier et président du groupe EVADIAC (Évaluation dans le diabète du traitement par implants actifs). En effet, sans cette pompe, les patients les plus sévères risquent d'alterner entre épisodes d'hypoglycémie et d'hyperglycémie sévères « avec un risque de complications et de coma hypoglycémique », d'après le diabétologue. En France, environ 250 patients sont sous pompe implantable.
Transformer une pompe à morphine en pompe à insuline
Parmi eux, des patients ont créé en 2019 le Collectif des diabétiques implantés pour alerter les autorités dès lors qu'ils ont appris que Medtronic prévoyait de se retirer du marché, les laissant sans alternative satisfaisante. Sabine Guérin, une des membres du collectif, peine à se réjouir de ce revirement de situation de la part de Medtronic : « Je reste sur la réserve, alors que l'arrêt des pompes a été brutal pour nous. »
Même son de cloche du côté du Pr Renard, pour qui cette annonce de Medtronic représente aussi un « virement à 180° » par rapport au discours de la société de ces dernières années. Il demeure prudent alors que la pompe dont Medtronic vient d'acquérir le brevet n'est pas une pompe à insuline, explique-t-il : « II s'agit de la pompe à morphine Medallion. Cela veut dire qu'il va falloir pas mal d'investissement, de recherche et de développement pour transformer ce système qui perfuse de la morphine dans le liquide céphalorachidien en une pompe à insuline. »
Des pompes supplémentaires MiniMed
Lors d'une réunion qui s'est tenue ce jour en présence notamment du ministère de la Santé et de l'Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM), Medtronic a toutefois annoncé pouvoir implanter des premiers patients d'ici deux à trois ans avec cette nouvelle pompe, rapporte Sabine Guérin, présente également. « Il s'agira d'une pompe miniaturisée et plus moderne que le système archaïque dont nous disposons actuellement, précise-t-elle. Dans un premier temps, Medtronic va développer un système de pompe sans capteur, avant de développer ensuite un capteur intégré dans la pompe implantée. »
Par ailleurs, alors que la société avait initialement prévu d'arrêter la production de ses pompes en juin 2019 avant d'annoncer plusieurs reports, Medtronic a fait part de son intention de produire des pompes supplémentaires, sans toutefois donner plus d'information, d'après Sabine Guérin.
Au vu de ces annonces et malgré sa retenue, elle se dit soulagée que les efforts du collectif aient porté leurs fruits, et évoque « une lueur d'espoir pour l'avenir des implantés ».
Autre piste susceptible d'offrir une autre option aux patients : la société américaine PhysioLogic Devices, qui a à sa disposition le mécanisme de la MiniMed cédé par Medtronic, a mené une levée de fonds satisfaisante qui devrait lui permettre de mener des essais cliniques en France en 2023.
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