Le diabète est un facteur de risque indépendant de fibrillation atriale (FA). Sa prévalence est ainsi deux fois plus élevée chez les diabétiques. Bon nombre de ces FA restent néanmoins ignorées. Pourtant, la prise en charge de la FA, couplée à la mise en place d'un traitement anticoagulant, permet de réduire singulièrement le risque de complication, en particulier d'AVC. Comment améliorer le dépistage large de la FA dans cette population à haut risque ? Pour y répondre, une équipe grecque a imaginé et testé une approche originale, présentée en avant-première au congrès de l'EHRA. Partant du fait que les diabétiques bénéficient, normalement, d'un examen podologique annuel, les auteurs se sont emparés de cette occasion pour le coupler à un dépistage de FA...
Utiliser les pouls pédieux pour repérer les arythmies
L'examen podologique annuel des diabétiques comprend une palpation des artères du pied, c’est-à-dire des pouls pédieux et tibiaux postérieurs. Or, au cours de cette auscultation, il arrive que l'on perçoive un rythme artériel irrégulier. Peut-on utiliser ce signe clinique d'appel pour dépister une FA ? Il semble bien que oui, sous réserve de former les intervenants à ce dépistage podologique, pédicure et podologue, et de l'associer à un écho-doppler en cas d'anomalie.
Une FA méconnue chez un diabétique sur six
Dans une étude observationnelle de 12 mois, le dépistage de la FA via les pouls artériels du pied a été testé. Au préalable, deux pédicures et six podologues ont été entraînés à repérer les anomalies rythmiques cardiaques à la palpation des pouls des artères du pied. Ils ont par ailleurs été formés à confirmer ces anomalies par écho-doppler avec un appareil portatif.
En 12 mois, 300 diabétiques, se rendant à leur visite annuelle de dépistage du pied diabétique, ont été scrutés par ces intervenants formés. L'âge moyen de ces patients est de 60 ans, 40 % sont des femmes, 60 % des hommes. Parmi eux, un sur six s'est avéré porteur d'une FA méconnue. Le pari des auteurs s’est donc révélé gagnant puisqu'ils ont ainsi pu repérer 17 % de FA, méconnues, lors de l'examen podologique. Hommes et femmes étaient également affectés.
Enfin, suite à ce dépistage, ces patients suspects de FA ont bien sûr tous été adressés à un cardiologue pour confirmer le diagnostic (ECG) et envisager un traitement. Pour les auteurs, « ce travail montre qu'associer l’examen annuel du pied et le dépistage de la FA, via les pouls aortiques du pied, est une stratégie payante. Elle a permis en effet à peu de frais de repérer 17 % de FA dans une série de diabétiques sans FA connue ».
(1) Kanellos I et al. Routine podiatry assessment as a potential preventive tool for atrial fibrillation screening in diabetics. Asbtract EHRA 2021
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