En tant qu'infirmier, il est rare d'essuyer un refus ferme du patient postérieurement à l'annonce d'un diabète. Toutefois, derrière l'acceptation de façade se trouve généralement une adhésion plus nuancée aux propositions du soignant. A défaut de véritable acceptation, le patient adopte un cheminement d'adaptation aux solutions conjointement instaurées avec lui.
Dès l'annonce d'un diabète, un choc est intrinsèquement vécu. Il importe au soignant de rassurer le patient sur sa capacité à vivre avec la maladie, dans l'objectif de le rendre plus actif sur la posture à adopter : apprentissage de l'injection d'insuline, mise en place des contrôles glycémiques, contrôle de l'alimentation, pratique d'une activité physique.
Survient généralement dans un second temps, très proche de l'annonce, une phase de déni. Le patient se questionne sur la réalité des maux dont il souffre. Coté soignant, un risque prégnant d'arrêt du traitement pourrait engendrer l'hospitalisation en urgence lorsque les valeurs glycémiques sont élevées.
Les premiers mois postérieurement à l'annonce d'un diabète se trouvent souvent jalonnés par des phases de révoltes et d'incompréhensions. Ici encore, le soignant doit rassurer un patient quelque peu déprimé. Il comprend la gravité inhérente à toute maladie chronique telle que le diabète mais appréhende difficilement les conséquences pratiques sur sa vie.
Une fois les premières années passées, la lassitude du patient face à un traitement bien établi provoque de temps à autre une phase de négociation, dans laquelle il souhaite réduire les contraintes. Sans doute découragé par le caractère chronique de la maladie, le patient regarde prioritairement sa qualité de vie immédiate. La prise de confiance l'amène à reprendre les anciennes habitudes qu'il avait écartées au début de la prise en charge. Il importe au soignant d'identifier ces moments, où le patient met en place des stratagèmes afin de justifier son manque de rigueur et d'action dans la prise en charge de la maladie.
Trouver l'équilibre
Un point d'équilibre doit être trouvé par le patient entre la nécessité de poursuivre l'effort tout en prenant en compte sa volonté de l'instant. Le plus important demeure ainsi de stimuler sa motivation, laquelle peut ne pas être linéaire. L'accompagnement vers la phase d'acceptation se ponctue inévitablement de réflexion. Le rôle du soignant consiste à accompagner le cheminement personnel réflexif du patient afin de minimiser les appréhensions liées au changement de vie.
La mobilisation du patient passe par l'encouragement sur ses intentions positives, lesquelles devront néanmoins être cadrées afin d'être toujours adaptées. A titre d'exemple, la privation de glucide justifiée par le désir de limiter la montée de glycémie s'avère contre-productive. Le rôle du soignant est d'amener la réflexion chez le patient sur le bon comportement à adopter. La compréhension d'une problématique diminue la passivité du patient confronté à la maladie tout en canalisant ses intentions positives.
Le soignant devient un véritable support pour le patient dans la prise en charge multidisciplinaire du diabète. Cette pluralité d'intervenants autorise le patient à faire part de ses doutes et ses appréhensions dans l'optique d'un plus grand consensus quant aux propositions qui lui sont faites. Le lien de confiance patient-soignant s'en trouve préservé.
exergue : Derrière l’acceptation de façade se trouve généralement une adhésion plus nuancée aux propositions du soignant
IDE, CH Princesse Grâce Monaco. Président de SFD Paramédical
(1) À l’occasion du congrès SFD 2019, la branche paramédicale organisera son symposium annuel sur le thème du déni de la maladie
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