D’origine amazonienne, le chocolat a 7 000 ans d’histoire, les premiers résidus ayant été retrouvés récemment dans des poteries équatoriennes (1). Mais ce sont les Mayas, puis les Aztèques, qui l’ont vraiment popularisé. Le cacao (de « cacahuatl » en nahuatl) a été utilisé dès 1400 avant JC pour fabriquer une boisson alcoolisée à partir du mucilage entourant les fèves. La boisson chaude au chocolat (de « xocolli » (amer) et « atl » (eau) en nahuatl) est d’apparition beaucoup plus tardive, et utilisée d’abord comme psychostimulante, aphrodisiaque et antidiarrhéique. Elle est agrémentée de piment, vanille et d’une baie rouge, le roucou. Les fèves furent aussi une monnaie d’échange.
En 1502, Christophe Colomb goûte le chocolat sur l’île de Guanaja. Les conquistadors espagnols s’approprient alors la boisson en y ajoutant du sucre, du miel, du musc et de l’eau de fleur d’oranger. Il commence à être importé et connu en Europe à partir de 1585. Ce sont les juifs convertis de force (marranes) qui l’introduisent en France depuis l’Espagne, ce qui favorise l’installation des premiers chocolatiers français dans le pays basque, dès 1609.
Jusqu’au début du XIXe siècle, le chocolat est vendu en pharmacie, en raison de la présence de 1 à 3 % de théobromine, un produit voisin de la caféine. Il contient aussi de la phénylalanine, précurseur de la sérotonine, du tryptophane, un antidépresseur, et de l’anandamide, un cannabinoïde.
Aujourd’hui, les fèves sont fermentées, torréfiées et broyées pour fabriquer une pâte, dont on extrait le beurre et la poudre de cacao. Aliment plaisir, le chocolat − à partir de 70 % de cacao – peut néanmoins se placer aussi au rang des aliments santé, du fait de sa richesse en antioxydants. La fève de cacao en contient 8 %, une teneur exceptionnelle qui la place devant les thés.
Foie, système cardiovasculaire
Ces antioxydants, en particulier les flavonoïdes, exercent un effet favorable sur l’endothélium vasculaire, les marqueurs de l’inflammation, diminuent l’agrégation plaquettaire, l’oxydation lipidique et l’insulinorésistance. Une revue d’études d’interventions nutritionnelles retient le bénéfice d’une consommation modérée (30 g soit 3 carreaux/j) de chocolat sur l’hypertension (− 6mmHg en présence d’un diabète), la cholestérolémie (− 6 mg/dL), l’insuffisance cardiaque (HR = 0,86), la maladie coronaire (HR = 0,9), les accidents vasculaires cérébraux (RR = 0,84) notamment (2). En prévention secondaire, une consommation modérée réduit le risque de décès de 70 % postinfarctus. Autant d’effets qui cessent lors d’une consommation excessive, la prise de poids prenant le dessus.
Dans la cohorte ANRS HepaVIH, la consommation modérée de chocolat était associée à une meilleure fonctionnalité hépatique. Le cacao a aussi montré in vitro des propriétés antiprolifératives et antimutagènes. Il améliore le rythme circadien via la régulation GLP1. Il présente des propriétés intéressantes dans la rétinopathie diabétique et la cataracte.
En revanche, les effets toujours supposés du chocolat sur la dépression sont plutôt à classer au rang des idées reçues (3). Un plaisir éphémère qui enferme vite dans une alimentation émotionnelle, résument les auteurs.
(1) Le Quotidien. Quand le chocolat se savourait en suppo. 26/12/13 (2) JP Garcia et al. The Cardiovascular effects of chocolate.Revin Card Med, 2018, 19(4): 123-7 (3) Parker G et al.Mood state effects of chocolate. J Affect Disord. 2006;92(2-3):149-59
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